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La Machine s’arrête, une stupéfiante anticipation par E.M. Forster
La Machine s’arrête E.M. Forster Traduit de l’anglais par Laurie Duhamel Préface de Pierre Thiesset Postface de Philippe Gruca et François Jarrige Editions L’Echappée
Article mis en ligne le 29 décembre 2020
dernière modification le 27 décembre 2020

La Machine s’arrête, une nouvelle publiée en 1909 par E.M. Forster, dénote du registre habituel de l’auteur pour nous surprendre par sa stupéfiante contemporanité. Accrochez-vous, la fiction datée d’il y a un siècle rejoint largement notre réalité !

La machine s’arrête montre une société dans laquelle la technique est arrivée à son paroxysme. La nature a été exploitée jusqu’à son épuisement total par la succession des sociétés humaines du passé, rendant la surface de la Terre morne et dépeuplée de vivant. Ainsi, les humains vivent désormais sous terre, au coeur d’alvéoles individuelles, dans lesquelles tous les besoins sont comblés par la Machine.

La population est devenue totalement dépendante d’une machine qui est en capacité d’assouvir toutes les volontés : vous avez faim ? Appuyez sur un bouton. Vous voulez voir vos amis ? Appuyez sur un bouton, ils apparaîtront virtuellement. Vous voulez dormir ? la machine vous apporte votre lit après l’avoir demandé. Nuit ou jour ? La Machine régule les cycles, qui ne sont plus qu’artifice. La machine comble vos besoins, tous vos besoins, jusqu’à s’ériger en une nouvelle religion incontournable et essentielle à tout un chacun.

L’hyper technicisation de la société et l’omniprésence de la machine a des effets sur l’humain. Les muscles perdent de leur tonus, les sens n’ont plus d’utilité, les corps deviennent une enveloppe superflue, l’agacement de l’attente de ce qui sort du cadre prévu atteint les humains qui ont désormais leurs envies comblées en un instant par la machine.

Comment ne pas faire le parralèle inquiétant avec notre société de l’immédiateté ? (...)

En prophétisant le paroxysme de la technicisation et du capitalisme du XIXème siècle, Forster nous questionne toujours aujourd’hui : qu’adviendra t-il au bout de notre société dans laquelle les évolutions si rapides et si centrales dans la vie des sociétés transforment l’humain et détruisent la nature ? Qu’adviendra t-il au bout de la course folle au tout technologique et au tout numérique ? (...)