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Ligue des Droits de l’Homme (LDH)
La LDH soutient le film « Wolf and Sheep », de Shahrbanoo Sadat
Sortie le 30 novembre 2016 Prix international des cinémas d’art et d’essai, CICAE, Quinzaine des réalisateurs à Cannes 2016
Article mis en ligne le 23 octobre 2016
dernière modification le 18 octobre 2016

À la fois humain et réaliste, ce film montre la vie des montagnards afghans, telle que la réalisatrice, qui a 26 ans, et l’un de ses amis l’ont vécue dans leur enfance. Tourner sur place eût été trop dangereux : elle a reconstitué un village analogue plus au nord, au Tadjikistan, et choisi des acteurs afghans parlant la langue de son village.

Dans ce petit village de montagne, il n’y a ni école, ni téléphone, ni automobiles, ni argent. À part les quelques achats auprès du marchand ambulant, que les femmes paient avec des œufs, les matières premières de la vie sont les pierres, la terre, le bois, la corde. Les animaux qu’ils élèvent fournissent le reste, y compris le crottin qui sèche en galettes sur les maisons et sert de combustible. Ils ont des poules et de maigres troupeaux de moutons, quelques chèvres, un âne et pour les plus riches un bœuf. Ils vivent dans un paysage magnifique et désolé, brûlé de soleil en été et glacial en hiver.

C’est leur vie quotidienne que nous voyons : les femmes chargées de la nourriture, les querelles des co-épouses, les commérages ; l’exercice collectif de la justice, l’enterrement, les soins donnés en cas d’accident, de l’attelle à une patte de mouton au pansement sur l’œil crevé d’un enfant. Car les enfants sont au centre du film. (...)

Il ne s’agit aucunement d’un film politique. Mais il donne à voir une société vivant aujourd’hui quasiment à l’âge médiéval, avec ses croyances et ses faims, sans beaucoup de religion, sans école ni médecins ; où règnent la polygamie, le sexisme, le mariage des petites filles de 9 ans avec des hommes de 40 ans, où une fille vaut neuf bœufs et où l’on bat les enfants comme plâtre. Mais où se rencontrent aussi l’humanité et l’intelligence.

Shahrbanoo Sadat montre avec délicatesse, sans le juger, le monde de cette enfance qu’elle a eu la chance de pouvoir quitter pour aller étudier et faire du cinéma. Elle en montre aussi la faiblesse face aux inventions du monde moderne comme les kalachnikovs.