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Ligue des Droits de l’Homme
La LDH soutient “Ariaferma”, un film de Leonardo di Costanzo
#prison "droits_libertés système_pénitentiaire
Article mis en ligne le 23 octobre 2022

Sortie en salle le 14 octobre 2021

Accrochée aux montagnes sardes, Mortana, une prison vétuste, est en cours de démantèlement quand le transfert des douze détenus restants est soudain suspendu pour des questions administratives jusqu’à une date indéterminée. Gargiulo, le surveillant le plus expérimenté, est alors chargé de faire fonctionner la prison quelques jours encore avec une équipe réduite de quinze agents pénitentiaires. Toutes les activités sont également suspendues, il n’y a plus de visites, plus de cuisines non plus, les repas seront livrés de l’extérieur. Les prisonniers sont regroupés, seul ou à deux, dans des cellules de la dernière partie de la prison. Arrive alors un nouveau prisonnier, le jeune Fantaccini, un habitué de la prison pour de petits délits mais apparemment très affecté de se retrouver là pour des motifs plus graves. Gargiulo va lui demander de distribuer les gamelles des repas, que tous les prisonniers renvoient comme un seul homme ; ils veulent commencer une grève de la faim en signe de révolte contre ce huis-clos absolu qui leur est imposé jusqu’au prochain transfert. La situation est totalement bloquée, la tension monte et c’est alors que Lagioia, prisonnier qui purge une longue peine et fait figure de leader, propose que soient rouvertes les cuisines : il se chargera lui-même de nourrir tout le monde, agents pénitentiaires et prisonniers, si on leur livre “du cru”. A la surprise générale, et pour éviter de remonter jusqu’à la direction de la prison, Gargiulo accepte et prend la responsabilité d’accompagner Lagioia aux cuisines, avec Fantaccini pour aider ce dernier. (...)

Peu à peu, à la faveur de ces circonstances exceptionnelles, dans un univers hors du temps, vont s’instaurer une manière de dialogue entre Gargiulo et Lagioia, ainsi qu’une sorte de communauté éphémère mais réelle, où toutes les règles s’inversent, où tous les rôles, tous les a priori carcéraux se bousculent, et où ont lieu naturellement des échanges imprévus. (...)

Leonardo di Costanzo et son équipe, pour faire ce film, ont visité de nombreuses prisons et se sont entretenus avec des agents pénitentiaires, des gardiens et des condamnés, parfois réunis ensemble. “Dans ces cas-là, dit le réalisateur, une atmosphère inattendue de convivialité s’installait…puis une fois les échanges passés, chacun reprenait son rôle. […] Étrangers à l’univers pénitentiaire, le retour brutal à la réalité nous désorientait. C’est justement ce sentiment de désorientation qui a motivé la réalisation de ce film : Ariaferma ne traite pas des conditions de vie dans les prisons italiennes. C’est plus probablement l’absurdité de la prison elle-même que questionne le film”.

C’est ce questionnement, ce balancement entre d’un côté la règle et l’ordre, et de l’autre le surgissement inattendu et presque transgressif d’une humanité latente chez les uns et les autres lorsqu’il s’agit de résoudre des conflits, qui fait la force de ce film superbe, à la limite d’une utopie (...)