
Le littoral et les plaines de l’île à la nature jusque là encore préservée, sont aujourd’hui bétonés un peu plus chaque jour. Souvent de façon illégale, pour l’intérêt de quelques-uns et au mépris de la population locale. Il y a urgence à agir.
La Corse, malheureusement unique en Europe du fait de la destruction des autres côtes de la Méditerranée, était préservée des constructions et aménagements de type marina et bords de mer jusqu’à encore récemment. Les arbres, les plages sauvages, le maquis, le silence, les odeurs, une nuit vraiment noire, si rare aujourd’hui, la nature dense dominaient.
Cet environnement aurait pu permettre un développement économique solide et ancré dans le long terme, assis sur ce capital unique en Europe.
Depuis peu de temps, une dizaine d’années au plus, le littoral mais également la bande de l’intérieur des terres et dans une moindre mesure la plaine orientale sont soumis à une urbanisation frénétique de maisons secondaires individuelles et résidences de tourisme.
Longer la côte Corse depuis la mer en bateau ou par la route qui la suit est aujourd’hui un spectacle désolant de collines arasées, déboisées, de champs de chênes coupés, de routes créées, de maquis réduit à peau de chagrin entre un maillage étalé et quadrillant le maquis de maisons individuelles.
Ou de constructions éparses mitant les flancs de collines en opposition à la règle de base de l’urbanisme qui évite le saupoudrage, le « mitage » en matière d’urbanisation. Les panneaux "lots viabilisés à vendre", "terrains constructibles", "appartements les pieds dans l’eau" fleurissent le long des routes côtières. Des constructions à arcades en béton rose ou orangé, jurant totalement avec le style des bâtiments traditionnels de cette région s’égrènent le long de la route. (...)
Enfin, et plus grave encore, cette urbanisation massive est le fait de promoteurs souvent liés à une économie Mafieuse (lire Razzia sur la Corse de la journaliste Hélène Constanty - Fayard, 2012) assise sur le racket des entreprises de l’Ile et les passations illégales de marchés publics du BTP, qui obtiennent de Maires sous pression de menaces parfois physiques ou de corruption le classement en zone constructible de terrains en plein maquis au mépris parfois du code de l’urbanisme, notamment la loi littorale. (...)
Aucune lutte sérieuse contre l’économie mafieuse régissant aujourd’hui le monde économique de la Corse n’est menée. Les liens entre le blanchiment de l’argent de la mafia et le business immobilier sont connus des services de l’Etat. Rien n’est fait.
L’Etat abandonne totalement la Corse, sa population, son littoral, son territoire à l’absence de droit et de respect des règles.
Comment est-ce possible dans une démocratie européenne en 2013 ? (...)