Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
conscience citoyenne responsable
LA DETTE, CE QU’ILS NE VEULENT PAS QUE VOUS SACHIEZ !
/Jean Luc MELENCHON
Article mis en ligne le 5 janvier 2015
dernière modification le 3 janvier 2015

detteLe Collectif pour un audit citoyen de la dette publique a rendu le 27 mai 2014 un premier rapport. Il s’est essentiellement intéressé à la dette de l’Etat. Il estime qu’au total 59% de la dette publique actuelle sont « illégitimes ». Cette illégitimité provient du fait que le montant de la dette résulte des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêts excessifs payés par l’Etat. Cette part illégitime de la dette atteint 1 077 milliards d’euros soit 53% du PIB. Si l’État n’avait pas réduit ses recettes et choyé les marchés financiers, la dette publique n’aurait représenté en 2012 que 43% du PIB au lieu de 90%.

La hausse de la dette de l’Etat ne peut s’expliquer par la hausse des dépenses de l’Etat car celles-ci ont reculé de 2 points de PIB en 30 ans. Par contre, 488 milliards d’euros de dette proviennent des cadeaux fiscaux consentis aux plus riches et aux actionnaires. La part des recettes de l’Etat dans le PIB a chuté de 5 points en 30 ans. Si l’Etat avait conservé ses recettes au même niveau, la dette publique serait inférieure de 24 points de PIB à ce qu’elle est ! Voilà pour la part d’illégitimité due à la diminution des recettes de l’Etat et de son appauvrissement volontaire. Voyons à présent la part due aux coûts excessif des marchés financiers. En effet, 589 milliards d’euros de dette proviennent des taux d’intérêts excessifs imposés par les marchés financiers. Le collectif a considéré qu’un taux « normal » aurait été de 2% au-dessus de l’inflation (taux d’intérêt réel). Dès lors, les taux pratiqués au-delà ont été « excessifs ». Démonstration à l’inverse : si l’Etat avait emprunté à des taux d’intérêts non excessifs, la dette publique serait inférieure de 29 points de PIB ! Bien sûr, ces taux d’intérêts excessifs ont eu un « effet boule de neige ». (...)

Assez de baratin avec les « générations futures » endettées par nos mauvaises habitudes ! La durée de vie moyenne des titres de dette est de 7 ans et 19 jours. L’honnêteté pour évaluer sérieusement la situation voudrait qu’on rapporte la dette à ce qu’il faudrait payer si on devait la rembourser en fin de course. C’est-à-dire 1 985 milliards d’euros de dette publique totale divisé par 2567 jours : cela fait 282, 24 milliards d’euros par an ! Soit à peine 13 % du Pib annuel ! On est loin des 93,6% agités sans cesse pour affoler le monde ! Car il est stupide de rapporter toute la dette à la valeur d’une seule année de production. Pourquoi le fait-on ? C’est d’autant plus absurde que le remboursement de la dette n’est pas exigible dans ce délai ! Il donc est absurde de comparer un stock pluriannuel à un flux annuel. C’est pourtant ce qui se fait à longueur de catéchismes médiatiques.

Une autre comparaison indispensable est de rapporter la dette aux avoirs du pays !

Combien le pays possède-t-il ? C’est important pour savoir s’il a « les reins » solide face à la somme qu’il emprunte. Voyons les chiffres. Les avoirs de la France s’élèvent à 35 000 milliards de « patrimoine économique ». Cette somme contient deux composantes. D’une part 13 900 milliards d’actifs non financiers c’est-à-dire des immeubles, des logements, des machines et ainsi de suite. Et d’autre part le pays possède 21 000 milliards d’actifs financiers. Au total, la dette ne représente donc que 5,6% des avoirs de notre pays. C’est-à-dire rien. Ou presque ! (...)

Le cas d’école est celui de la dette grecque. Selon les calculs du FMI cités par Le Figaro, le bilan est ridicule. Le montant de la dette grecque, début 2010, avant les plans d’austérité qui devait « sauver » le pays, était de 298 milliards. Après six ans d’austérité, le plan de sauvetage s’est élevé à 350 milliards, entre remise de dette, rééchelonnement et nouveaux crédits. 110 milliards de 1er plan de sauvetage de 2010, 140 milliards de nouveau plan 2012 en cours d’application, 100 milliards de dettes annulées par les banques. Je reviens dans un instant sur ces « annulations ». Restons-en aux comptes globaux. On connaît la solution proposée par le Front de Gauche : que la BCE prête directement à la Grèce pour éponger sa dette. Si on l’avait fait au début, on aurait donc déjà économisé 42 milliards ! Et la Grèce n’aurait pas été martyrisée comme l’a été et comme elle l’est chaque jour sous l’administration allemande de la troïka présente à Athènes. Et maintenant, apprenez ceci que beaucoup d’entre vous ignorent. Quand une banque achète des titres de dette elle ne les range pas dans son coffre. Elle les revend ou les intègre dans des fonds de placement. Les titres de dettes grecs ont été revendus jusqu’à 25 % seulement de leur valeur faciale. La valeur faciale, c’est celle qui est marquée sur le titre. Un titre de dette de cent euros a donc pu être vendu jusqu’à 25 euros seulement à mesure qu’il circulait de main en main. En cous de cycle, une banque a pu racheter 25 euros un titre et le revendre à la banque centrale européenne qui lui achetait 30 ou 50. A chaque tour de piste du même titre, les banques se sont gavées. Et maintenant, ces titres sont dans le bilan de la Banque centrale européenne. Laquelle encaisse les intérêts et réclame le remboursement à la valeur faciale, acheté 25 et exigé à 100, comme un vulgaire fonds vautour. (...)