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L’intérêt caché de Vinci pour Notre Dame des Landes
Article mis en ligne le 8 novembre 2012

Pourquoi Vinci s’intéresse-t-il tant à Notre Dame des Landes ? Au-delà de la bonne opération financière sur le dos de la collectivité, le développement de la concurrence internationale entre aéroports donne un intérêt stratégique au projet.

(...) Il ne s’agit pas seulement d’une entreprise prédatrice, ni d’un premier ministre en mal d’autorité qui s’est engagé personnellement dans une opération vaseuse à relents de corruption et de collusion public-privé.

La justification officielle du besoin d’agrandir l’aéroport existant pour faire face à une augmentation du trafic aérien ne tient pas non plus si l’on se réfère aux dernières statistiques de la DGAC.

Alors qu’est-ce qui fait qu’un projet d’aéroport vieux de quarante ans, plusieurs fois rejeté, devient comme par magie en 2010 « le projet d’Aéroport du grand Ouest », priorité nationale qu’on finira par défendre les armes lacrymogènes à la main, quitte à sacrifier des milliers d’hectares de terres arables et de zones humides, au mépris des principes écologiques énoncés au Grenelle de l’environnement et de la population locale agricole ?

Ce pourrait-être le robuste appétit de Vinci, grand bétonneur devant l’éternel et déjà gestionnaire de l’aéroport actuel à Nantes, dans le cadre d’une « délégation de service public », ceci simplement pour agrandir son territoire. (...)

Rappelons que depuis les années 1990, la libre concurrence est devenue l’alpha et l’oméga de l’obsession néo-libérale, non pas pour augmenter les profits de chacun sur un marché en expansion infinie, mais bel et bien pour assurer que des profits soient toujours possibles dans n’importe quelles conditions, y compris récessionnistes pour les plus malins et les mieux organisés.

Dans le domaine du transport aérien, un événement significatif a pris la forme de l’accord Open Sky (ciel ouvert) signé le 30 avril 2007 à Washington par les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne, engageant chacun d’eux et l’Union dans son ensemble.

Avant cet accord, la circulation aérienne était réglée par des accords bilatéraux, entre les Etats-Unis et chacun des pays concernés, les aéroports desservis par chaque compagnie au départ des Etats-Unis étant fixés par l’accord applicable.

L’accord, qui permet aux capitaux étrangers de s’investir dans un aéroport national privé, autorise aussi le libre choix d’un aéroport de destination et à la rigueur le cabotage en Europe. (...)

Pour autant, sa caractéristique la plus importante, et sans doute la moins médiatisée, est d’ouvrir la concurrence entre les aéroports européens, et de pousser à leur privatisation. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir cet avis de l’autorité de la concurrence Française, daté du 22 février 2010.

Dès lors, on comprend mieux pourquoi le gérant et le propriétaire de l’aéroport local de Nantes souhaitent lui donner le statut régional d’aéroport grand Ouest : cela permettra de le positionner dans la grande concurrence aéroportuaire de l’Union européenne.

Le combat de Notre Dame des Landes n’est donc pas régional. Il a des implications nationales et européennes.