
Il y dix jours, six migrants sont morts dans l’incendie d’un immeuble de Pantin qu’ils squattaient. Pour Rodolphe Nettier, président de l’association SOS soutien ô sans-papiers, il y a des responsables physiques à ce drame.
"Lorsque nous - c’est-à-dire l’association SOS soutien ô sans-papiers - avons appris la mort des six migrants, nous n’avions pas prévu d’intervenir. Ce sont les propos de Claude Guéant, quelques heures plus tard, qui nous ont rendus fous.
Selon le ministre de l’Intérieur, l’événement est lié "à une réalité tragique, dramatique de l’immigration clandestine". Il a dénoncé "des filières criminelles, qui rançonnent les candidats à l’immigration, (...) et les laissent face à une vie d’errance et de malheur". (...)
Or il s’agit là d’un mensonge, la plupart des personnes terrées dans ce taudis n’étaient pas des sans-papiers (et quand bien même) puisqu’elles avaient des visas Schengen. De toute façon, tout être humain a les mêmes droits et la même dignité avec ou sans papier. C’est le sens de notre combat.
Repoussés... jusqu’à disparaître
Nous suivions ces migrants depuis le début, à savoir le mois de mars 2011. Nous les avons vus tous les soirs Porte de la Villette, à Paris, se faire virer à coups de gaz et matraques. Ceux qui ne fuyaient pas étaient systématiquement embarqués par la police, même s’ils étaient en règle. Cela a commencé en mars et perdure encore aujourd’hui avec d’autres à la Porte de la Villette, à Belleville, à Courcouronnes, à Colonel Fabien etc, etc...
Si ceux-là se sont retrouvés à Pantin, c’est parce qu’ils ont été repoussés physiquement depuis la porte de la Villette. Ils se sont terrés dans cet immeuble car il a bien fallu trouver un abri dans le périmètre imposé. (...)
Depuis des années que je milite aux côtés de migrants et de sans-papiers, j’ai compris une chose : si nos patrons s’en prennent aux étrangers - stigmatisant plus spécialement les musulmans ou les Rroms - mais tout aussi bien aux fonctionnaires, aux handicapés ou aux chômeurs, c’est pour que ne naisse pas une solidarité avec les Français, particulièrement avec les classes ouvrières, ce qui conduirait à la grève générale.
Tout le reste n’est que préservation ponctuelle d’un semblant de paix sociale maintenue par les différentes associations ou syndicats subventionnés pour ce travail. (...)
La lutte pour les sans-papiers n’est pas une lutte anti-raciste, c’est une lutte de classes. (...)