
Satish Kumar est l’héritier de Gandhi. Un moraliste non violent qui marche pour faire avancer la paix.
Il a été moine jaïn dans son enfance au Rajasthan, il est maintenant un inspirateur de l’altermondialisme, un apôtre de la décroissance. Satish Kumar, 74 ans, est un étonnant pèlerin. Dans les années 60, il reprend à son compte la démarche de Gandhi et marche 12 000 kilomètres sans bagages, aux Indes et aux États-Unis à la rencontre du monde et des gens. Des inconnus lui ouvrent leurs portes. Il écoute Martin Luther King dans sa lutte pour les droits civiques, Bertrand Russell le prix Nobel qui milite contre la bombe atomique, Fritz Schumacher qui dénonce l’économie de marché qui appauvrit les pays les plus pauvres...
Tu es donc je suis
Végétarien, il voit dans la cuisine des produits de son potager du Devon dans le sud de l’Angleterre, la première forme d’art de vivre qui nourrit toutes les autres : la poésie, la peinture, la musique, la danse, la méditation ou l’amitié. Car l’affection, l’amour qui relie les êtres, dessine un sourire permanent sur le visage de cet homme habité par la bonté. Pas étonnant qu’il cite volontiers saint François d’Assise et Bouddha : l’un était fils d’un riche marchand et l’autre fils de roi ; tous deux ont trouvé le salut dans une forme maîtrisée de pauvreté. Avec eux, il fait l’éloge de la pauvreté contre la misère : « La pauvreté comme renoncement au superflu n’est pas le problème mais la solution. »
Optimisme
Les raisons de se fâcher ne manquent pas quand les ressources mondiales sont pillées et que la faim fait souffrir toute une partie du monde. Mais il a décidé de ne plus se mettre en colère « car la colère est une perte d’énergie qui fait du mal à celui qui est en colère ». Il a transformé sa colère en passion contre les injustices. La plus grande est celle de la faim : « L’espèce humaine est la seule qui souffre de la faim. Mais la société de consommation n’a que cent ans. Elle ne durera pas. » Qu’est-ce qui nourrit donc son optimisme ? « La jeunesse ! Je crois que les individus peuvent changer le monde. Il faut consommer moins pour nourrir tout le monde. »