
« Pas d’incinérateur à la Combaude, mettez-le à Chamalières ! » L’incinérateur de Clermont-Ferrand a pourtant bien ouvert ses portes en 2013, après trente ans de lutte. Un an après, une grève des salariés de trois semaines donnait un autre ton au refus de cette monstruosité.
Dans les années 1990, démarrait une campagne virulente pour dénoncer le projet d’incinérateur de la Combaude avec un slogan vengeur : « Mettez-le à Chamalières ! » Chamalières, c’est le Neuilly auvergnat, la Combaude, les quartiers populaires. Même des médecins communistes, hostiles au projet, s’étaient accrochés sur le sujet avec leur parti, favorable à l’incinérateur. Ironiquement, le retour de la droite à la tête de la région éloigna le spectre durant quelque temps. Plus de vingt ans durant lesquels il aura fallu se battre contre l’idée que le feu purifiait tout. Et de rappeler qu’une machine pareille rejette des métaux lourds et des dioxines dans l’atmosphère. (...)
Jean Quilleret, militant écologiste, s’est battu, dans les dernières années, contre le projet d’incinérateur. Il participa à trois actions fortes contre la construction du dragon. (...)
Alain Laffont n’y va pas par quatre chemins : « C’est une fabrique de poisons violents. » Les résidus de l’incinération doivent être enfouis à leur tour. En 2004, on se souvient de feux d’artifice dans tout le pays : les filtres de l’incinérateur ont explosé un peu partout et ont répandu ce que les opposants appellent du « poison pur » à des kilomètres à la ronde. Le Groupe des experts scientifiques sur les dangers de l’incinération (Gesdi) avait listé les accidents de fonctionnement : Gien, Gilly-sur-Isère, Mulhouse, Fourchambault, Lunel, etc. « Il en résulte que ce manque de rigueur scientifique et technique permet d’occulter totalement la réalité de l’émission des centaines de cocktails toxiques synthétisés par la chimie de l’incinération », soulignait le Gesdi.
Les premiers exposés à la dangerosité des incinérateurs sont bien sûr les travailleurs des sites. À Fos-sur-Mer, un incendie a détruit pour plusieurs semaines les installations, le 2 novembre 2013. Le confinement a été de rigueur. Le feu a sévi durant deux jours. À Clermont-Ferrand, un départ d’incendie s’est déclaré le 2 juillet. Le jour de Noël se déclenche une grève dure qui va s’achever le 10 janvier 2015. C’est le prétexte de la ventilation défectueuse et la question de l’ensemble des conditions de travail qui vont mener au conflit, après pas moins de sept réunions infructueuses avec la direction. (...)
« Les gars manipulent de l’ammoniaque et de la soude. On travaille avec des risques d’explosion importants. » Ce à quoi s’ajoute l’inhalation de substances toxiques : « C’est pas évident de garder un masque à gaz à cartouche toute la journée »
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À Gilly-sur-Isère (73) l’incinérateur était tellement polluant qu’il est fermé en 2001 après cinq années de rejets toxiques. « Les taux de dioxine étaient 13 000 fois supérieurs à la norme tolérée », racontait Michel Roulet dans son livre, Incinération=pollution : Le scandale de l’incinérateur de Gilly, (éditions du Layeur, 2008). On a même du procéder à des abattages préventifs d’animaux d’élevage dans le secteur.
À Fumel, dans le Lot-et-Garonne, un autre scandale conduisit à mise hors d’état de nuire d’un incinérateur extrêmement polluant, à la suite d’une mobilisation écologique. (...)