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Libération
L’enfer, c’est les autres ?
Article mis en ligne le 20 mars 2020
dernière modification le 19 mars 2020

On se souvient de la phrase de Margaret Thatcher, exaltant l’individualisme qui était la base de ses convictions : « There is no such thing as society », « il n’y a pas de société », aphorisme brutal selon lequel seuls les droits et les intérêts des individus, séparés et autonomes, fondaient en fait le contrat social. Depuis midi aujourd’hui, les Français, comme beaucoup d’Européens, confinés chez eux par le coronavirus, éprouvent concrètement la fausseté du théorème qui a changé le monde en lançant la « révolution conservatrice » des années 80.

Séparés des autres au nom de la précaution sanitaire, ils se rendent compte – ou vont se rendre compte – que le citoyen moderne, s’il tient à sa liberté, à son quant à soi, est malgré tout, et peut-être avant tout, un animal social. Comme ces Italiens qui paraissent à leur balcon trois fois par jour pour chanter en chœur ou applaudir ensemble les personnels des hôpitaux, ils vont mesurer combien ils ont besoin de se retrouver avec d’autres pour se rassurer et vérifier qu’ils sont bien membres de cette chose « qui n’existe pas » : la société.

Besoin psychologique, élémentaire, fondamental dans la vie courante, qui implique le lien, l’échange, le travail ou le loisir en commun. (...)

« L’enfer, c’est les autres », écrivait Sartre. Formule métaphysique qui trouve peu de substance dans l’existence réelle. Privés de contacts humains, les Français en viendront peut-être à penser que « l’enfer », c’est justement quand les autres sont absents. (...)