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L’édition scientifique (1) : un oligopole profitable
Article mis en ligne le 7 août 2011
dernière modification le 4 août 2011

Le petit monde de l’édition scientifique qui permet aux chercheurs de communiquer entre eux n’est pas un monde à part. Ou en tout cas, il ne l’est plus depuis que quelques sociétés capitalistes ont compris qu’il y avait là de l’argent, beaucoup d’argent à gagner, et qu’elles s’y sont appliquées avec la délicatesse qu’on leur connaît. Mais depuis quelques années, la communauté scientifique s’est ressaisie et s’appuyant sur ses idéaux universalistes et sur Internet, elle est repartie à la conquête de sa communication confisquée.

Ce premier article aborde, d’un point de vue économique l’édition des revues scientifiques du secteur sciences, techniques et médecine (STM) [1]. En effet, c’est dans l’édition STM que la pénétration de la logique marchande, qui nous intéresse ici, est de loin la plus avancée. Le modèle économique que cette logique a établi, fort rentable, risque de faire des émules, du côté des sciences humaines et sociales (SHS), ou de Google Books par exemple. C’est donc comme à la représentation de ce qu’il faut éviter, une sorte d’anti-modèle, que nous nous y attachons.(...)

En dernière analyse, le « modèle économique » de la commercialisation des revues scientifiques repose sur un véritable pillage des fonds publics consacrés à la recherche. Les enseignants-chercheurs qui sont les producteurs de l’information scientifique, sont en général rémunérés par l’Etat ou une collectivité publique. Les bibliothèques qui souscrivent les abonnements aux revues scientifiques fonctionnent également, dans leur grande majorité, sur fonds publics. Ainsi les fonds publics reviennent deux fois aux éditeurs privés : une fois comme réduction de frais quand ils rémunèrent la production de recherche (salaires des chercheurs, infrastructures, laboratoires, etc.) et une deuxième fois quand ils financent la consommation (abonnements) de recherche par les bibliothèques.(...)

L’arrivée d’Internet n’a pas changé la donne. Pis : les clients sont devenus encore plus captifs. Rapidement numérisées, les revues scientifiques sont désormais diffusées sur le web sous forme de bouquets sous contrat de licence.(...)

Bien évidemment, ces bouquets sont conçus de manière à en vendre le maximum : une revue incontournable se trouvera en compagnie de quelques autres de moyenne importance et d’autres invendables. La stratégie consiste généralement à vous conduire à adopter le « Big deal », soit la souscription à l’ensemble des bouquets d’un éditeur pour un prix à peine supérieur à celui de votre licence en cours : pas plus coûteux pour l’éditeur, plus large mais plus captif pour l’acheteur.

(...) Wikio