
Appelons-la économie “souterraine”, ou “parallèle”, ou encore, pour les plus pudibonds, économie “informelle”. On lui attribue souvent les raisons quasi exclusives de la crise (la Grèce et ses supposés tricheurs fiscaux). Une étude un peu approfondie montre cependant qu’elle peut être aussi une planche de salut vitale pour les populations précarisées.
Vous avez vu, en Grèce, malgré l’austérité triple ceinture, ils ne meurent pas de faim. Pas sûr non plus qu’ils mangent deux fois moins, en proportion exacte de la baisse de leurs revenus.
C’est que la nature a horreur du vide (d’estomac) et que ce que l’économie officielle leur refuse, les populations vont le chercher dans les marchés parallèles, underground.
Un “marché noir” en plein essor
Regardez bien, mesdames messieurs, le tableau qui va suivre. Il résulte d’une étude menée par l’économiste autrichien F. Schneider sur la part estimée du travail “souterrain” dans les PIB de différents pays européens en 2011 (19 % en moyenne dans l’Union européenne, excusez du peu). (...)
Acte volontaire ou contraint par la précarité galopante, l’économie souterraine tend à pallier les manques criants de l’organisation économique officielle. (Bon, ne cachons pas non plus le risque d’une récupération par les mafias de tout bord.)
Elle ne handicape en rien le fisc ou l’intérêt public, puisqu’elle ne fait que déplacer le problème. En maintenant peu ou prou le niveau de consommation générale, elle garantit celui des prélèvements fiscaux afférents.
Non, ce qui est insupportable dans l’économie souterraine, c’est qu’elle échappe au contrôle des tenants de l’ordre public dont elle pallie les carences. Et transgresse les abus de pouvoir.
Au-delà d’un simple sport plus ou moins national de la tricherie, c’est en ce sens que l’économie souterraine peut devenir un acte subversif. Et qu’elle apparaît comme une véritable planche de salut populaire, vitale. En même temps qu’une manifestation de désobéissance civile.