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L’économie expliquée en « novlangue »
Article mis en ligne le 22 août 2016
dernière modification le 16 août 2016

Le célèbre roman de l’écrivain anglais George Orwell, « 1984 », écrit en 1948, fut un avant-goût et vision d’horreur du communisme. Le communisme n’existe plus. Il a échoué. Pourtant, une réédition de l’ouvrage aujourd’hui s’imposerait plus que jamais, en guise de mise en garde contre le capitalisme cette fois. Les « -ismes » n’ont plus la cote.

Dans le roman d’Orwell, la novlangue (newspeak) ou « langue de coton » est la langue officielle dans l’état totalitaire d’Océania. Utilisée comme outil de propagande, la « novlangue » permet à l’état de faire taire toute critique à son encontre.

Le principe est simple. Dans le but d’éliminer les finesses d’une langue, on ampute son vocabulaire. On simplifie. Cette simplification élimine peu à peu les finesses linguistiques et rend de ce fait impossible toute différenciation et argumentation et, en l’occurrence, la critique et la contestation. Le manque de vocabulaire rend également impossible toute formulation de nouvelles idées. (facebook, twitter)

A l’instar de l’économie de marché, on éliminerait les mots espoir, attente, capacité, aptitude, don, prometteur, encourageant, favorable, pour les remplacer par « potentiel ».

On pousserait le raffinement un peu plus loin, en transformant le « négatif en positif ». Ainsi, la récession devient « croissance négative », la baisse des salaires devient « dévaluation compétitive », l’austérité devient « plan de relance », les licenciements sont dorénavant des « restructurations », et les fermetures d’usines sont appelés « délocalisations ».

L’objectif originel de l‘entreprise, la fabrication de produits ou prestations de services, dont le but est d’améliorer la qualité de vie des citoyens, ou plus vulgairement des consommateurs, devient de plus en plus caduc, grâce au progrès. La croissance exponentielle des gains de productivité, grâce aux progrès technologiques, dans presque tous les domaines, mais surtout dans le secteur tertiaire, rend de plus en plus obsolète cet objectif initial.

Il faut donc que l’entreprise se trouve une autre raison d’être. Le pouvoir politique, ou plus précisément, le pouvoir de la redistribution des richesses.

Elles, les entreprises, pourraient aisément redistribuer plus équitablement leurs gains de productivité, en baissant le temps de travail et en augmentant les salaires. Elles ne le font pas, parce qu’elle veulent consolider leur position de pouvoir. Cela n’a donc plus rien d’économique, c’est devenu politique. (...)