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L’avenir de l’alimentation mondiale sous l’emprise des multinationales aux Nations unies
Communiqué de presse de La Via Campesina, ETC et GRAIN 19 février
Article mis en ligne le 19 février 2016

L’avenir de l’alimentation mondiale sous l’emprise des multinationales aux Nations unies : Plus de 100 organisations de la société civile tirent la sonnette d’alarme à l’ouverture de la réunion de la FAO sur les biotechnologies

Rome, lundi 15 février 2016) Juste au moment où les entreprises de biotechnologie qui fabriquent les semences transgéniques renforcent leur contrôle du commerce mondial, la FAO leur offre une tribune pour appuyer leur vision. A l’ouverture aujourd’hui du symposium international de trois jours sur les biotechnologies agricoles organisé par la FAO (organisations des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) à Rome, plus de 100 organisations de la société civile et du mouvement social de quatre continents ont publié une déclaration qui dénonce à la fois la substance et la structure de la réunion, qui semble être une nouvelle tentative des multinationales agroalimentaires de diriger les politiques de l’agence des Nations unies vers le soutien aux cultures et au bétail génétiquement modifiés.

La déclaration et la liste des signataires peuvent être téléchargés ici.

Le mouvement paysan international La Via Campesina a invité les organisations de la société civile à signer cette déclaration en réaction au programme du symposium. Deux des principaux orateurs de FAO sont des partisans connus des OGM. L’agenda et les événements parallèles de ces trois jours intègrent des orateurs de l’Organisation de l’industrie des biotechnologies (un groupe commercial de biotechnologie des Etats-Unis), Crop Life International (l’association commerciale d’agrochimie mondiale), Dupont (l’une des plus grandes entreprises transnationales de semences biotechnologiques) et CEVA (une grande entreprise de produits vétérinaires) entre autres. Parmi le 80 orateurs invités par la FAO un seul est ouvertement critique des OGM. Pire, l’un des deux orateurs à la session d’ouverture est un ancien assistant du directeur général de la FAO qui a milité pour ce qu’on appelle semences Terminator (les semences OGM programmées pour mourir au moment de la récolte obligeant les agriculteurs à acheter de nouvelles semences à chaque saison), en opposition avec les déclarations publiques de FAO. Le discours du second orateur est intitulé « Vers la fin du débat international déplacé sur la biotechnologie », laissant entendre que le symposium de la FAO doit être le moment pour taire la critique sur la biotechnologie.

En convoquant ce symposium biaisé, la FAO cède à la pression de l’industrie qui s’est intensifiée à la suite des réunions internationales sur l’agro-écologie organisées par la FAO en 2014 et 2015. Les réunions sur l’agro-écologie ont été un modèle d’ouverture à tous les points de vue, des paysans jusqu’à l’industrie. Mais l’industrie de la biotechnologie préfère maintenant avoir une réunion qu’elle peut contrôler entièrement. Ce n’est pas la première fois que la FAO est noyée dans ce jeu. En 2010, la FAO a organisé une conférence sur la biotechnologie à Guadalajara, au Mexique, qui a interdit aux agriculteurs de participer à son comité d’organisation, puis a essayé d’empêcher leur participation à la conférence elle-même.

« Nous sommes alarmés par le fait que la FAO, une fois de plus, sert de couverture aux entreprises, au moment même où ces entreprises parlent de fusions entre elles afin de concentrer le secteur commercial des semences dans peu de mains », dénoncent la société civile. (...)

« La grande majorité des agriculteurs du monde sont paysannes et paysans, et ce sont ces derniers qui nourrissent le monde. Nous avons besoin de technologies émanant des paysans, et non des biotechnologies des multinationales. »

Selon Guy Kastler de La Via Campesina, « Il est temps que la FAO mette un terme immédiat à la bio-piraterie et à tout soutien aux technologies de modification génétique dont la seule finalité est de permettre à une poignée de multinationales de breveter et de s’approprier la totalité de la biodiversité cultivée existante. LA FAO doit au contraire appuyer les organisations paysannes et les chercheurs qui s’impliquent dans les programmes de sélections paysannes collaboratives au service de la souveraineté alimentaire et l’agro-écologie paysanne. »