Rémi Chatain, musicien franco-brésilien, vit à Sao Paulo au Brésil où il participe à l’audit citoyen de la dette du Brésil (Auditoria Cidada da Divida). Sao Paulo est une mégapole de 11 millions d’habitants, 23 millions si l’on compte la région métropolitaine. Nous l’avons rencontré à Buenos Aires dans le cadre de la Conférence internationale « Dette, biens communs et domination » qui s’est tenue du 3 au 5 juin, à l’appel des mouvements sociaux et syndicaux argentins qui composent l’Assemblée pour la suspension de paiement et l’audit de la dette. |1|
L’Audit Citoyen est née suite à un plébiscite populaire sur la dette organisé par une centaine de mouvements sociaux brésiliens en septembre 2000. Souffrant d’une crise économique (et énergétique), le Brésil a été obligé de contracter de nouveaux prêts auprès du FMI afin de payer les intérêts de sa dette. Cette campagne qui rassemblait la plupart des grands mouvements sociaux et des citoyens indépendants a alors organisé ce scrutin, qui demandait, entre autres choses, si le Brésil devrait continuer à rembourser sa dette sans réaliser un audit au préalable. La participation a été massive et plus de six millions de personnes ont voté dans 3 444 municipalités (sur un total de 5 570). Plus de 95 % des votant ont dit NON au maintient de l’accord avec le FMI et NON à la poursuite du paiement de la dette sans la réalisation d’un audit prévu dans la Constitution Fédérale. Malgré une prise de conscience spectaculaire sur ces questions, la campagne n’a abouti sur aucun changement objectif et à la première rencontre des organisateurs de la campagne, il a donc été décidé de créer l’Audit Citoyen de la Dette. Maria Lucia Fattorelli, qui avait eu un engagement particulier pour le plébiscite, a été choisie pour coordonner l’Association. (...)
Quelles sont les prochaines étapes pour l’audit citoyen au Brésil ?
Les 30 et 31 octobre de cette année 2015, à Sao Paulo, on organise le Congrès national de l’audit citoyen qui va permettre de rassembler tous les groupes locaux du Brésil afin de définir ensemble les programmes d’actions et les stratégies à venir. C’est très intéressant de pouvoir participer à l’actuelle rencontre internationale à Buenos Aires car cela permet de créer des liens avec d’autres militant-e-s et collectifs, et de s’inscrire dans un réseau de lutte à l’échelle continentale et internationale qui puisse faire face à la désinformation des grands médias.
Par ailleurs, Maria Lucia Fattorelli de l’Audit citoyen de la dette du Brésil participe à la Commission d’audit de la dette en Grèce |3| et on est très enthousiaste quant au processus en cours et aux possibles répercussions que cette Commission va générer dans d’autres pays d’Europe comme en Espagne. On espère vraiment que le peuple grec comme le peuple espagnol puissent se libérer du joug du système financier. Entre peuples victimes du système dette, nous devons être solidaires.