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Slate.fr
L’astuce de Trump et des Républicains pour conserver leur majorité : empêcher les personnes de couleur de voter
Article mis en ligne le 18 juillet 2018
dernière modification le 17 juillet 2018

Sous l’administration Trump, même les citoyennes et citoyens naturalisés sont devenus une cible.

Les organismes gouvernementaux qui supervisent les demandes d’immigration sont actuellement en train de recruter des juristes et des agents, pour réviser la situation d’immigrantes et immigrants suspectés d’avoir obtenu la citoyenneté américaine par le biais de faux papiers d’identité ou de fausses déclarations lors de leur demande.(...)

Ces cas seraient ensuite transférés au département de la Justice, et les personnes reconnues coupables pourraient perdre leur citoyenneté ou leur statut de résident légal.

Mouvement de dénaturalisation
« Nous avons mis en place un processus permettant d’enquêter à fond sur ces cas suspects et commençons à dénaturaliser des gens qui n’auraient jamais dû l’être, a déclaré L. Francis Cissna, directeur du Service de la citoyenneté et de l’immigration, dans une interview accordée à l’Associated Press le mois dernier. Globalement, ce dont on est en train de parler se résume à quelques milliers de cas. »

Le nombre réduit de personnes concernées comparé au battage médiatique qu’il entraîne en dit long sur sa grande signification. En tant que pays, les États-Unis font peu de distinction entre les citoyennes et citoyens naturalisés et leurs homologues nées américaines ou américains. Le processus de naturalisation, qui concerne aussi des personnes résidant depuis longtemps sur le sol des États-Unis, est considéré comme permanent.

Cette nouvelle commission ad hoc de dénaturalisation met cette permanence en question, et jette le discrédit sur toute personne qui aurait reçu la citoyenneté américaine autrement que par la naissance.

Il n’existe aucune garantie que ces efforts vont demeurer cantonnés aux cas de triche et de fraude. (...)

Le souhait du président de diaboliser l’ensemble des immigrantes et immigrants en les faisant passer pour des intrus sur le sol américain n’est pas très rassurant.(...)

Ce mouvement de dénaturalisation n’est que le dernier en date d’une campagne plus large menée par les Républicains, et supervisée par des personnalités clés de la Maison-Blanche de Trump, afin de préserver une majorité électorale blanche ce pays.

Au niveau des États, les législateurs républicains prennent des mesures pour protéger les circonscriptions blanches de leur parti, freiner et entraver au maximum la participation électorale et réduire le nombre de votantes et votants, ce qui augmente les chances de victoires républicaines au Congrès et à la Maison-Blanche.

Parallèlement à ces efforts, les Républicains de Washington nomment ou reconduisent des juges qui donnent une couverture légale à la radiation de certaines parties de la population des listes électorales, afin de restreindre et réduire encore leurs droits. Ce à quoi Donald Trump entend explicitement procéder consiste à exclure du corps politique les immigrantes et immigrants non blancs, en les écartant le plus possible des listes électorales et en présentant celles et ceux restant comme une classe suspecte.(...)

Dans un futur pas si lointain, la majorité de la population américaine sera d’origine noire, hispanique et asiatique. Mais il y a une différence entre la population d’un pays et son corps électoral, cette portion de la population qui exerce les droits pleins et entiers de la citoyenneté et bénéficie des privilèges qui lui sont associés.

Les Républicains comprennent cela, et ils essaient à tous les niveaux de gouvernement de constituer un électorat blanc suffisamment important pour consolider leur pouvoir et, partant, pour maintenir une hiérarchie entre les classes et les races.

Donald Trump joue un rôle de premier plan dans cette affaire, mais comme toujours avec Trump, il ne faudrait pas imaginer que ce projet est uniquement le sien et celui de son administration. (...)

Dans tout cela, Donald Trump est moins un instigateur qu’un accélérateur. En faisant clairement appel aux préjugés raciaux blancs, Trump a décidé d’utiliser cette pluralité bien répartie d’électeurs et électrices blanches et l’a élargie afin de s’assurer une victoire au sein du collège électoral, en partant du « règne de la minorité » qui s’étendent déjà à la législature fédérale et en l’étendant à la Maison-Blanche elle-même.

Le Parti républicain a lui aussi suivi la même voie, en s’appuyant sur des majorités étroites mais absolues afin de poursuivre ses objectifs idéologiques –réductions de l’imposition sur le revenu des classes supérieures et attaques contre la sécurité sociale, tout en prenant un maximum de mesures visant à maintenir au pouvoir de manière permanente cette gouvernance de la minorité. (...)

L’administration a également proposé que le prochain recensement prévoit une question sur la citoyenneté, ce qui, selon certaines critiques, aurait pour conséquence de limiter le nombre d’immigrantes et immigrants recensés et pourrait fausser la représentation à la Chambre des représentants et dans le collège électoral : les États où la population immigrante est importante perdraient des sièges et des votes, qui seraient redistribués à l’électorat blanc dans les États ruraux [le recensement est utilisé pour déterminer combien de représentantes ou représentants chaque État envoie à la Chambre, ndt]. (...)