
La crise ? Quelle crise ? En pleine pandémie et alors que 100% de ses membres touchent des aides publiques liées au COVID19, le CAC40 réussit l’incroyable performance de verser près de 51 milliards d’euros à ses actionnaires (+22%), soit l’équivalent de 140% des profits qu’il a réalisés en 2020. BlackRock et les grandes familles capitalistes françaises en sont les grands bénéficiaires, avec le soutien tacite de l’État français qui touche lui aussi une part de ces dividendes.
Malgré les aides publiques massives, la tendance de long terme à supprimer des emplois en France s’accélère
(...) Des PDG plus choyés qu’il n’y paraît
Au printemps 2020, les dirigeants du CAC40 s’étaient engagés à réduire leur rémunération « par solidarité ». Loin des 25% recommandés par l’AFEP, les PDG ont réduit leur rémunération de 8,1% en moyenne. Dix d’entre eux n’ont pris aucune initiative en la matière, et sept ont même augmenté leur rémunération en 2020 malgré la pandémie, à savoir les PDG d’Atos, Teleperformance, Renault, Kering, Publicis, Vivendi, Crédit agricole et Saint-Gobain.
La France, championne d’Europe
Avec 155 milliards d’euros débloqués pour soutenir les entreprises entre mars et décembre 2020, la France est, selon les données publiées par la Commission européenne, championne d’Europe en la matière. Ces 155 milliards viennent s’ajouter aux 150 milliards d’aides aux entreprises déjà en place avant la pandémie. Sans conditionnalité sociale, écologique et fiscale digne de ce nom.
Pour la transparence et la conditionnalité des aides
Plus d’un an après le début de la pandémie, rien ne justifie que ni le législateur ni le citoyen ne sache précisément qui a bénéficié, et pour quel montant, de l’argent public. (...)
l’exécutif a refusé d’activer un formidable levier pour dessiner les contours d’une économie plus soutenable, plus juste et solidaire.
La priorité reste bien aux actionnaires. (...)
En 2021 c’est plus de 50 milliards qui devraient être versés. Milliard étant très abstrait, il convient de montrer ce que cela signifie : « Soit l’équivalent de la construction de 100 hôpitaux publics ou 1300 lycées ou encore de 36 000 km de ligne ferrées TER, ou encore la rémunération de 960 000 personnels soignants et non soignants des hôpitaux publics »…
Si certaines entreprises ont « souffert » de la crise en 2020, d’autres ont dégagé des bénéfices en hausse, « Et il n’en reste pas moins que le CAC40 dans son ensemble reste largement bénéficiaire malgré la pandémie et malgré les pertes spectaculaires, autour de 7 à 8 milliards sur un an, de Renault, Total et Unibail. Seulement 6 groupes sur 40 ont fini 2020 dans le rouge »…
L’argent public a bien favorisé les profits privés. (...)
Les banques et le secteur financier profitent aussi largement des aides publiques. Ils ont joué un rôle central dans la distribution de l’argent public aux entreprises, « Une forme de délégation voire de privatisation des aides publiques ». Des fonds redistribués « sans transparence ni critères sociaux ou environnementaux »… (...)
L’emploi – le nombre de salarié·es – reste plus que jamais la variable d’ajustement du « droit » d’entreprendre. Les entreprises « subventionnées » du CAC ont supprimé des milliers d’emplois. Dans le même temps, les rémunérations (abusivement nommées salaires alors qu’elles ne relèvent pas de la subordination salariale) de certains dirigeants ont poursuivi leur hausse…
Les prêts ne sont pas conditionnés (alors que ceux du FMI et de la Banque mondiale, aux pays du Sud, le sont eux fortement – pour défendre le libéralisme) à une quelconque forme de condition écologique ; une grande partie de ces aides vont vers des « technologies contestables »…
Il ne faut pas oublier les paradis fiscaux, dont la liste officielle relève d’un mensonge éhonté (...)
Aucune condition à l’égalité entre femmes et hommes n’a été incluse dans les aides. De plus « le mot « femme » n’était même pas mentionné dans le plan de relance dévoilé en septembre 2020 »…
La « concurrence non faussée » est donc déclinée comme un véritable assistanat, sans condition, aux entreprises et aux actionnaires… Que deviennent les citoyen·nes et les salarié·es dans cette imposition « libérale » de règles non démocratiques, dans ce système Robin des Bois à l’envers ? (...)