Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
ATTAC 33
« L’appel des appels » de Bègles (33) et le 13 juin.
Le Ptitgrain n° 71
Article mis en ligne le 8 mai 2009

Vendredi dernier, journée du Ier mai, 16H00, salle Delteil à Bègles : environ 300 personnes ont répondu à « l’appel des appels » pour venir écouter le témoignage de professionnels qui, chacun dans leur domaine, ont de plus en plus de mal à supporter et à admettre la dégradation de leurs conditions de travail et de la qualité des services rendus aux usagers. La salle est pleine et les intervenants se succèdent à la tribune : chacun dispose d’une quinzaine de minutes pour raconter très concrètement et expliquer ce qui se passe (et ce qui est programmé) dans leur secteur.

Il y a là des professionnels de la culture, de l’information, de l’éducation, de la santé, de la justice ; tous sans exception sont confrontés à des évolutions brutales, non négociées et inspirées par l’idéologie du rendement, de la normalisation, de la quantification et de tout ce qui peut contribuer à déshumaniser des milieux où le facteur humain constitue encore un obstacle à la dictature du marché. Le constat est clair : le capitalisme dans sa forme néolibérale doit régner sur tous les secteurs de l’activité humaine, y compris sur ceux dont l’essence même pouvaient laisser supposer qu’ils étaient à l’abri d’une telle emprise.

Partout la qualité des services rendus aux usagers et à la population s’est dégradée, partout la logique comptable impose sa loi, partout la manipulation et la désinformation s’exercent par le biais des statistiques et des chiffres tronqués. Partout « la nouvelle gouvernance » s’installe avec ses chefs irresponsables, ses méthodes de management perverses, ses injonctions paradoxales, sa satisfaction affichée face aux évidences tristes. La parole et la négociation disparaissent pour laisser la place à la communication et à la propagande : ici, il va s’agir d’être plus proche des malades en fermant les hôpitaux de proximité , là de lutter contre l’échec scolaire en supprimant les RASED ( Réseaux d’ Aides Spécialisées aux Elèves en Difficultés) ou bien encore l’année de formation pratique des enseignants, là encore d’améliorer le fonctionnement de la justice avec une nouvelle « carte judiciaire » qui raye 300 tribunaux de proximité alors que la « demande » de justice n’a jamais été aussi forte. Il n’existe pas un seul secteur qui ne soit pas soumis à des bouleversements qui défient le bon sens et bafouent le respect le plus élémentaire pour la personne humaine. Le pouvoir poursuit des objectifs quantitatifs avec la brutalité paisible d’un autiste isolé dans sa bulle financière. Les différentes contributions se complètent pour composer une espèce de patchwork effrayant de la société sarkozienne.

Les gens qui sont là écoutent, prennent des notes, interrogent de temps en temps, surenchérissent parfois, relatent leur propre expérience, leur souffrance, leur inquiétude. De 16H30 à 21h00, c’est un réquisitoire argumenté contre le néolibéralisme, c’est un long plaidoyer pour changer de cap et pour remettre l’homme à sa place dans un système qui part à vau l’eau. C’est un appel à se mobiliser dans nos entreprises, dans nos métiers, dans nos lieux de vie.

On sent une colère rentrée face au mépris et à l’arrogance d’un pouvoir qui est arrivé par imposture et qui ne cesse de revendiquer sa légitimité démocratique pour mieux bafouer tous nos idéaux collectifs.

On a envie de croire que cette colère lucide est désormais partagée par une majorité de français, on a envie de croire que cette énergie ne sera pas perdue, que tout cela va pouvoir déboucher sur une réelle alternative. . . et non pas sur un simple défilé, en attendant les vacances, le 13 juin prochain.

Jean-Luc Gasnier