
La justice a en partie invalidé l’article qui faisait de l’homosexualité un crime. « La décriminalisation n’est qu’un premier pas », a déclaré l’un des juges
En Inde, l’homosexualité n’est plus un crime. La Cour suprême a en partie invalidé, jeudi 6 septembre, l’article 377 du code pénal, rédigé en 1861 par les Britanniques, qui punissait d’emprisonnement les « rapports charnels contre nature ». « La communauté LGBT possède des droits comme les autres, a argué la Cour, les opinions et la moralité de la majorité ne peuvent pas dicter les droits constitutionnels. » La décision a été prise par un panel de cinq juges de la plus haute instance juridique.
« La décriminalisation n’est qu’un premier pas, a déclaré le juge Dhananjaya Yeshwant Chandrachud, la sexualité ne peut pas être réduite à une formulation binaire. » « L’Histoire doit des excuses à la communauté [LGBT] », a ajouté la juge Indu Malhotra. Les chaînes de télévision indiennes, arborant le drapeau arc-en-ciel pour l’occasion, ont retransmis les pleurs et les hurlements de joie d’une communauté encore abasourdie par un jugement proclamant que « l’homosexualité est complètement naturelle ».
Genres instables et fluides
Lors de leurs plaidoiries, les avocats ont fait de la décriminalisation de l’homosexualité une question d’égalité, et non de morale. Cette « morale » si souvent invoquée pour condamner l’homosexualité a été brandie comme l’un des derniers reliquats de la colonisation britannique, celui de la morale victorienne. (...)
Il aura fallu plus de deux décennies d’un combat acharné pour parvenir à ce verdict. L’article 377 avait creusé un fossé entre les homosexuels qui pouvaient revendiquer leur homosexualité grâce à leur statut social, ou qui habitaient dans les grandes villes, et les autres. Arif Jafar, un militant des droits homosexuels, se souvient de son emprisonnement de quarante-sept jours, en 2001, dans la ville de Lucknow, au cours duquel il a été torturé : « J’ai été traité comme si je n’étais pas humain parce qu’une loi archaïque avait décidé que j’étais un criminel dans mon pays. »