
« L’histoire d’Israël et de la Palestine renvoie à des dizaines de milliers d’ouvrages et de documents, écrits ou filmés. Le théâtre n’est pas là sur son terrain. D’autant qu’il ne nous semblait pas utile de tenter une ‘’énième‘’ chronique du conflit, mais plutôt d’intervenir sur ce qui semble le plus urgent et le plus mal connu. » C’est peu de dire que le théâtre n’est pas sur son terrain lorsqu’on parle du conflit israélo-palestinien, effectivement trop peu traité sur les planches. Aussi la démarche du Groupov suscite-t-elle la surprise et l’attente.
(...) L’impossible neutralité, parce qu’il touche au conflit le plus aigu et le plus explosif de l’histoire du XXe siècle et de la décolonisation, ne passera sans doute pas inaperçu. Présenté au festival de Liège en février 2015, et plus récemment au Festival des libertés à Bruxelles, en octobre 2015, il sera à l’affiche de la Maison des Métallos en décembre. (...)
La guerre contre Gaza est l’un des angles forts du spectacle. Pour les auteurs un seuil a été franchi avec « la transgression du tabou du meurtre des enfants, qui constitue un signal d’alarme ». Plus de 538 enfants ont en effet été tués dans cette guerre impudiquement dénommée « Bordure protectrice ». Ce n’était pas un précédent mais un processus en continuation que dénonçait déjà Gideon Levy, dans le quotidien Ha’aretz du 20 octobre 2004 : « Plus de trente enfants Palestiniens ont été tués dans les deux premières semaines de l’opération “Jours de Pénitence” dans la Bande de Gaza. (…) Dans la période précédente, les groupes palestiniens de défense des droits de l’homme indiquaient 598 enfants tués en dessous de l’âge de 17 ans et selon Le Croissant Rouge, 828 en dessous de l’âge de 18 ans. (…) Parmi les plus jeunes victimes, on compte 13 nouveau-nés qui sont morts aux checkpoints durant l’accouchement. Avec des statistiques aussi horrifiantes, la question de qui est un terroriste devrait être devenue depuis longtemps un fardeau pour chaque Israélien. Mais elle ne figure pas à l’agenda public. » (...)
Pour comprendre pourquoi la vie des enfants palestiniens a si peu de prix, les auteurs auscultent la mécanique raciste des structures sociales israéliennes édifiéee sur les discours de ses dirigeants politiques et religieux. Le résultat en est assez édifiant. (...)