
Sous ce titre « Morts en Méditerranée : le déshonneur du Conseil européen » une quarantaine d’associations, présentes dans plusieurs pays de l’Union, ont publié un communiqué depuis Bruxelles, le 24 avril, pour manifester leur réprobation face à la modestie des mesures arrêtées. Nous avons choisi de le publier, en complément à cet éditorial, parce qu’à nos yeux il témoigne de l’immense décalage existant entre la perception des drames récents par une opinion bouleversée et l’impuissance des politiques à apporter des réponses qui soient à la mesure du défi auquel l’Europe doit faire face.
Celles-ci, ont été envisagées, essentiellement, sous la forme d’opérations de commandos, destinées à frapper les trafiquants et les passeurs, à la source, c’est à dire en détruisant les embarcations de fortune, s’est voulue sur le mode manière forte. Un signal envoyé du même coup aux populations tentées par l’exil. Les experts doutent de sa vraisemblance, dès lors que des actions terrestres, en Libye par exemple, semblent rejetées et, de toute façon, rien ne dissuadera des milliers de gens de tenter leur chance, au péril de leur vie. Quelques 500.000 migrants selon l’Organisation maritime internationale pourraient vouloir rejoindre l’Europe cette année.
Alors que faire ? Accueillir toute la misère du monde... La phrase de Michel Rocard, voilà vingt cinq ans, a été beaucoup rappelée ces jours-ci et l’auteur s’est plu à la rappeler dans son entier, invitant à aider à l’accélération du décollage économique de l’Afrique. Certes, mais les flux migratoires, aggravés par la déstabilisation du Proche orient, de la Corne de l’Afrique et des pays du Sahel emportent les discours comme de misérables digues face au drame de notre commune humanité. L’Union européenne s’est donnée une agence, Frontex, pour tenter d’apporter une réponse coordonnée aux frontières de l’Union et soutenir les missions de surveillance en Méditerranée ; son efficacité est plus que jamais en question.
En réalité, les pays de l’Union, au-delà des déclarations de principe faites sous le sceau de l’émotion maximale, ne semblent absolument pas prêts - le chômage de masse est là - à reconsidérer leurs politiques migratoires. Et à oser affronter un débat pourtant nécessaire avec les peuples ; c’est ainsi que l’on va continuer à faciliter, objectivement, la pire des immigrations : la clandestine
"Morts en Méditerranée : le déshonneur du Conseil européen"(...)