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Le Monde
L’Etat met à contribution EDF pour « limiter la hausse des prix de l’électricité » en France
Article mis en ligne le 17 janvier 2022

L’entreprise va être contrainte de vendre davantage d’électricité à bas prix à ses concurrents. Le gouvernement veut tenir sa promesse de limiter à 4 % la hausse des prix, en pleine flambée des cours de l’énergie et dans un contexte de haute inflation.

A trois mois environ de l’élection présidentielle, se montrant soucieux de protéger le pouvoir d’achat des Français, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, annonce que l’Etat va contraindre EDF à vendre davantage d’électricité à bas prix à ses concurrents. (...)

L’exécutif, qui avait déjà réduit au maximum la principale taxe sur l’électricité – mesure insuffisante pour contenir cette flambée –, va « mettre en œuvre une mesure complémentaire en augmentant de 20 térawattheures [TWh] le volume d’électricité nucléaire vendu à prix réduit par EDF à ses concurrents, pour le faire passer à titre exceptionnel de 100 à 120 TWh », a annoncé le ministre dans un entretien publié sur le site du Parisien, jeudi 13 janvier.

« Ces volumes seront accessibles à tous les consommateurs, particuliers, collectivités comme professionnels, via leur fournisseur, selon des modalités qui seront précisées très prochainement, a précisé le ministère de la transition écologique dans un communiqué. Les fournisseurs répercuteront intégralement l’avantage retiré au bénéfice des consommateurs. Ce point fera l’objet d’une surveillance étroite, en lien avec la Commission de régulation de l’énergie. »

Cette mesure coûtera entre 7,7 et 8,4 milliards d’euros à EDF, a estimé M. Le Maire, en terme d’impact sur son excédent brut d’exploitation.

Fin septembre, le premier ministre, Jean Castex, avait annoncé « un bouclier tarifaire » sur l’énergie avec notamment une limitation à 4 % de l’augmentation des tarifs réglementés de l’électricité en 2022. (...)

Les cours, dopés par la reprise économique mondiale, n’ont cessé d’augmenter depuis, mais le gouvernement n’est pas revenu sur sa parole. Il envisageait depuis décembre de relever ce plafond de l’Arenh, l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique, pour que les fournisseurs disposent de plus d’électricité bon marché à prix fixe, quitte à augmenter légèrement le prix réglé à EDF.
Pas de rattrapage en 2023

Alors qu’elle est actuellement vendue à 42 euros du mégawatt/heure (au lieu de quelque 250 euros sur le marché actuellement) par EDF à ses concurrents, le gouvernement a « proposé de relever ce prix de vente de 42 à 46,2 euros/MWh, ce qui permet de réduire la facture pour EDF », a indiqué M. Le Maire.

Le gouvernement avait déjà réduit au maximum la principale taxe sur l’électricité, en la faisant passer de 22,50 euros le mégawattheure à 50 centimes, « une décision qui représente une perte fiscale pour l’Etat de 8 milliards d’euros », a-t-il précisé. Cette mesure « permettait de couvrir environ 15 points de hausse du prix de l’électricité », selon le ministre, très « loin des 35 % à venir dans deux semaines ». (...)

« Du coup, ça ne va pas être 40 % de la production d’EDF, mais 50 % qui va être en soldes permanentes à la concurrence », a réagi auprès de l’Agence France-Presse Philippe Page le Mérour, secrétaire (CGT) du CESC d’EDF à l’évocation de cette mesure. Il avait d’ores et déjà pesté dans la semaine contre ce mécanisme, le qualifiant de « poison » qui contribue à la dette d’EDF. (...)