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L’Etat aux ordres de Xavier Niel
Article mis en ligne le 17 juillet 2020
dernière modification le 16 juillet 2020

Sur le plan financier, tout va pour le mieux pour Xavier Niel. Pourtant, l’État traite Xavier Niel comme s’il était dans le besoin quand il intervient dans la presse. Mieux même, il se met à son service. Bercy menace, par un mail que nous révélons, ses concurrents, le dispense de payer ses contributions obligatoires et finance son empire de presse naissant.

L’exemple de la distribution résume parfaitement la collusion des pouvoirs publics avec le président d’Iliad, propriétaire du groupe Le Monde.

Après avoir versé près d’un milliard d’euros en dix ans dans les caisses de Presstalis, les messageries qui distribuaient les quotidiens et les magazines depuis 1947, le CIRI (Comité Interministériel de Restructuration Industrielle, rattachée à Bercy), a dû se rendre à l’évidence : l’entreprise n’était plus sauvable.

Il lui fallait, dès lors, trancher entre deux plans de relance, celui qui était présenté par la presse quotidienne nationale et celui des éditeurs de magazines. Bercy choisira le plan présenté par Louis Dreyfus, directeur général du Monde, président de la coopérative des quotidiens, administrateur de NJJ Presse Sud, une des branches de la holding personnelle de Xavier Niel.

Ce projet était pourtant moins disant socialement que celui des magazines élaboré avec les MLP, le concurrent de Presstalis. Dans un cas, 644 personnes étaient licenciés (89 au siège, 43 au dépôt de Bobigny et 512 dans les dépôts de province), dans l’autre, une centaine de personnes était sauvée à Lyon et Marseille.

Le gouvernement a donc donné son accord à la création d’une nouvelle société France Messageries qui distribuera les quotidiens nationaux, laissant les magazines rejoindre, à l’exception des titres Lagardère, les MLP. Présidée par Louis Dreyfus, cette société compte déjà ans ses rangs, Sandro Martin, 27 ans, « tête pensante » de LREM, ancien chargé de mission à l’Elysée qui prendrait, selon des éditeurs, la succession du directeur général actuel Cédric Dugardin en décembre prochain.

Des messageries bénéficiant d’aides et de prêts bienveillants (...)

En revanche, les magazines et les publications qui ont rejoint les MLP ne percevront aucune aide complémentaire même s’ils représentent désormais 65% du marché avec un chiffre d’affaires de 760 millions d’euros. Des publications comme Alternatives Economiques, Challenges, Elle, Marianne, Le Point, Le 1, Society, Têtu qui sont aux MLP ont pourtant reçu le label « information politique et générale ».

Ainsi confortée, France Messageries voit son avenir se dégager mais il lui faut encore régler la facture du plan social concernant la réduction des effectifs au siège et au dépôt de Bobigny. Bercy l’a évalué à 47 millions d’euros et a décidé que ce coût serait assumé par l’intégralité des éditeurs, ceux qui sont chez France Messageries et ceux qui n’y son pas.

Le Monde et tous les titres détenus par Xavier Niel n’ont jamais payé la contribution de solidarité (...)

Comme le démontre le tableau communiqué aux commissaires aux comptes, Le Monde doit 1 996 433,92 euros. Les autres titres, détenus par Xavier Niel, n’ont pas non plus versé le moindre euro. (...)

L’État aurait pu et aurait dû appeler en caution le groupe Le Monde, responsable légalement comme ancien administrateur de Presstalis mais il préfère le dispenser de cette obligation.

En comparaison, Les Echos, Aujourd’hui en France, Bayard, Bauer, Lagardère, Prisma, Milan Presse, Prisma ont tous réglé, à l’avance, l’intégralité de l’ardoise sans attendre l’échéance de 2023. (...)

Xavier Niel se révèle donc comme le plus mauvais payeur de tous les groupes de presse opérant en France. On pourrait objecter que les petits éditeurs, ceux qui réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 1,77 millions d’euros et dont la contribution totale s’élève à 200 000 euros, ne l’ont pas non plus payé mais leur situation économique est, pour certains d’entre eux, dramatique. (...)

Le mail comminatoire de Bercy adressé aux éditeurs qui les menace de changer la loi fiscale

Louis Margueritte, au nom du CIRI et de la DGMIC (Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles), rattachée au ministre de la Culture a envoyé le 19 juin 2020 un mail comminatoire à un groupe d’éditeurs qui refusaient de payer cette contribution obligatoire, en leur rappelant « le principe de solidarité » . (...)

La conclusion est encore plus menaçante : « Nous avons d’ores et déjà signalé votre positionnement ou refus de participation à nos autorités ».

Elle est aussi révélatrice de l’allégeance de Bercy envers Le Monde. Au lieu de demander à des éditeurs qui sont, pour ce qui les concerne, tous affiliés à la coopérative des magazines, elle leur intime l’ordre d’en référer à la CDQ (Coopérative des Quotidiens), présidée par Louis Dreyfus, représentant du Monde et de Xavier Niel.

« Nous ne pouvons que vous encourager à revoir de toute urgence votre position et à en faire part à la CDQ portant l’offre de reprise ». (...)

Tous les mécanismes mis en place concourent donc à aider les grands éditeurs et, tout particulièrement, Xavier Niel à développer le nouveau réseau de messageries qui lui est affidé. Mais le soutien des pouvoirs publics ne s’arrête pas là : il concerne aussi ses titres de presse.

L’État aide Xavier Niel à constituer son empire de presse (...)

Xavier Niel se révèle donc comme le plus mauvais payeur de tous les groupes de presse opérant en France. On pourrait objecter que les petits éditeurs, ceux qui réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 1,77 millions d’euros et dont la contribution totale s’élève à 200 000 euros, ne l’ont pas non plus payé mais leur situation économique est, pour certains d’entre eux, dramatique. (...)

Le mail comminatoire de Bercy adressé aux éditeurs qui les menace de changer la loi fiscale

Louis Margueritte, au nom du CIRI et de la DGMIC (Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles), rattachée au ministre de la Culture a envoyé le 19 juin 2020 un mail comminatoire à un groupe d’éditeurs qui refusaient de payer cette contribution obligatoire, en leur rappelant « le principe de solidarité » . (...)

La conclusion est encore plus menaçante : « Nous avons d’ores et déjà signalé votre positionnement ou refus de participation à nos autorités ».

Elle est aussi révélatrice de l’allégeance de Bercy envers Le Monde. Au lieu de demander à des éditeurs qui sont, pour ce qui les concerne, tous affiliés à la coopérative des magazines, elle leur intime l’ordre d’en référer à la CDQ (Coopérative des Quotidiens), présidée par Louis Dreyfus, représentant du Monde et de Xavier Niel.

« Nous ne pouvons que vous encourager à revoir de toute urgence votre position et à en faire part à la CDQ portant l’offre de reprise ». (...)

Tous les mécanismes mis en place concourent donc à aider les grands éditeurs et, tout particulièrement, Xavier Niel à développer le nouveau réseau de messageries qui lui est affidé. Mais le soutien des pouvoirs publics ne s’arrête pas là : il concerne aussi ses titres de presse.

L’État aide Xavier Niel à constituer son empire de presse (...)

Souffrance animale et souffrance au travail..

En juillet 2020, Xavier Niel est déjà responsable, directement ou indirectement avec Presstalis, de 844 licenciements, et les journaux qu’il détient n’ont pas encore rendu public tous les plans de départs.

Il y a deux semaines, le patron d’Iliad-Free avait lancé l’idée d’un référendum d’initiative populaire pour lutter contre la souffrance animale, une noble cause. Dans Paris Match du 2 juillet dernier, il déclarait, à ce propos : « Il y a quelques mois encore, ça ne me touchait pas. Comme beaucoup, je voyais des vidéos, notamment celles de L214. Ça restait dans un coin de ma tête… Puis il y a eu une forme de déclic. J’ai aussi à la maison de grands ados qui ont contribué à m’ouvrir les yeux, mon insensibilité était une erreur ».

Étant donné l’emprise que ces adultes en devenir semblent avoir sur leur père, il est permis d’espérer qu’ils le sensibilisent aussi sur la souffrance au travail.