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Slate.fr
L’Espagne, le bon élève européen de la vaccination
Article mis en ligne le 25 août 2021

De crainte de subir de nouveau les conséquences de l’épidémie, la population espagnole affiche clairement sa confiance dans les vaccins.

L’Espagne n’est pas seulement l’un des lieux les plus visités au monde, c’est aussi l’un de ceux où le taux de vaccination contre le Covid-19 est le plus élevé. Avec 66,51% de personnes entièrement vaccinées, le royaume fait partie des meilleurs élèves de l’Europe, aux côtés du Danemark (68,9%), du Portugal (67,44%) ou de la Belgique (67,27%), pays où le nombre d’habitants est moins élevé. Le taux de primo-vaccinés avoisine même les 76%. Des chiffres plus élevés qu’en France, dans les deux registres –69,62% de primo-vaccinés, 54,54% pour la couverture complète.

Quelques mois plus tôt, le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez s’était fixé pour objectif d’atteindre les 70% de citoyens entièrement vaccinés d’ici à la fin de l’été. Cela devrait bientôt être le cas, si la dynamique des semaines précédentes se maintient dans les derniers jours d’août. (...)

La stratégie vaccinale espagnole a consisté en la division de la population en groupes d’âge, avec établissement d’un calendrier pour chacun. La stricte priorité a été donnée aux personnes les plus âgées. La réflexion derrière ce plan était la même que chez d’autres voisins européens : il faut d’abord protéger les plus vulnérables. Seulement, les tranches d’âge étaient moins étendues qu’en France, et il a fallu plus de temps pour descendre et arriver aux plus jeunes.

Chez les personnes âgées, la campagne est un franc succès (...)

Seul couac de la stratégie : les plus jeunes sont entrés dans l’été sans avoir pu être vaccinés, et viennent de recevoir leur deuxième dose il y a peu. Or, entre-temps, les discothèques ont rouvert et les voyages de fin d’études se sont multipliés, de même que les cas de Covid-19. Ce ne fut pas la seule cause du rebond de l’épidémie, mais cela a mis le gouvernement sous le feu des critiques. 56% des 30-39 ans et 31% des 20-29 ans sont aujourd’hui entièrement vaccinés.
Le vaccin, globalement accepté

L’entrain des Espagnols dans la campagne tient dans leur confiance vis-à-vis des vaccins, ou du moins l’absence de rejet (...)

ceux affirmant catégoriquement qu’ils ne se feront pas vacciner étaient 32,46% en octobre dernier, contre 3,4% en mai. Une autre étude menée par l’Imperial College London calcule que 79% des Espagnols ont confiance dans les vaccins contre le Covid-19, contre 56% des Français.

Le président de l’association espagnole de vaccinologie, Amós García, évoque une certaine culture vaccinale sur la péninsule. Les taux de vaccination contre plusieurs maladies, comme la grippe ou la rougeole, sont supérieurs à ceux des autres pays européens. Vaccins et système de santé publique sont par ailleurs associés au progrès et à la modernité, dans un pays qui a souffert de différents retards sous la dictature franquiste. (...)

Un épisode historique en particulier est cité par les spécialistes pour illustrer cette situation : le traumatisme laissé par l’épidémie de poliomyélite. La vaccination n’avait pas commencé dans le pays au début des années 1950, comme ailleurs, mais environ une décennie plus tard. Cela a eu de lourdes conséquences pour les enfants nés à cette époque. Le soulagement de l’arrivée des vaccins fut tel qu’il agit, encore aujourd’hui, comme un frein au mouvement antivax. (...)

Crise et solidarité

La réussite de la campagne de vaccination s’explique aussi par les conséquences de l’épidémie de Covid-19, qui poussent la population aux injections pour ne pas revivre cette situation. Le premier confinement a été plus long, plus strict et vécu durement en Espagne. Un tiers des personnes interrogées par l’Organisation des consommateurs et utilisateurs (OCU) estime que « sa santé mentale a été très affectée ». 11% ont perdu un ami ou un membre de leur famille à cause de la maladie. (...)

Les dégâts ont aussi été économiques, dans un pays qui se remettait à peine de la terrible crise de 2008. Le modèle touristique a montré ses limites. (...)

Un quart des Espagnols dit avoir « beaucoup souffert » économiquement de l’épidémie.

Enfin, cette vaccination massive se voudrait une preuve de la solidarité familiale espagnole. Les trois quarts des personnes questionnées dans l’étude de l’OCU valident qu’il est « important de se vacciner pour protéger les autres ». (...)

Cette situation donne la tonalité des débats en Espagne. Il n’est pas reproché au gouvernement sa promotion des vaccins, mais plutôt le fait de ne pas en avoir livrés assez vite. L’obligation vaccinale génère moins de discussions qu’en France. Nul besoin d’y recourir pour les soignants, par exemple, puisque plus de 90% de la profession a déjà sa couverture complète. (...)