
Comme tout phénomène traumatique pour une société, la désindustrialisation massive que nous subissons a provoqué des transpositions au niveau culturel. Productions artistiques et habitudes culturelles semblent former une constellation en laquelle se cristallisent les conflits et les contradictions de la société matérielle dans le domaine médian de la culture de masse. On aurait donc grand tort de négliger ces oeuvres et ces mouvements de la culture populaire a priori et de les rejeter.
L’insignifiant est en lui-même signifiant et il faut redonner sa noblesse à ces mouvements marginaux, ces détails fugaces qui parfois sont un mode d’expression à travers les quels la société nous fait parvenir des signes forts et nous tend un miroir dans lequel nous ne savons pas nous reconnaître.
Il arrive ainsi que la minceur du signifiant recèle en son sein un signifié caché d’une haute importance pour la compréhension de la société étudiée. Nous savons depuis Roland Barthes que la disposition d’un plat, la courbure d’un corps participent de ce sens caché qui se dévoile parfois dans une posture, un objet ou une habitude. Des productions culturelles et des faits sociaux qui semblent parfois anecdotiques permettent néanmoins d’appréhender aujourd’hui combien ce phénomène de dilution de notre tissu industriel s’exprime et combien il divise profondément les individus selon qu’ils en soient bénéficiaires ou victimes sans d’ailleurs toujours savoir eux-mêmes de quel côté de cette frontière ils se situent. (...)