
...ça faisait des mois que les salariés et les membres du comité de sécurité dénonçaient le manque de visibilité, le rythme d’intervention, la zone de chargement mal agencée, les sous-traitants qui ne connaissent pas bien les lieux, etc. La direction avait répondu par des marquages au sol et le port obligatoire de baudriers jaune fluo. Un peu court.
À l’annonce de l’accident, dans l’usine, les ouvriers sont sonnés. C’est toujours ainsi lorsqu’il y a un accident mortel. Parce que c’est un collègue (tout le monde le connaissait), mais aussi comme il sera écrit le lendemain sur le tract de la CGT : « Il n’y a rien de pire que de mourir au boulot. On vient à l’usine pour essayer de gagner sa vie pas pour la perdre. »...
...C’est le cinquième accident mortel pour cette année sur l’ensemble des sites français du groupe Total. Pour communiquer sur la sécurité les directions savent faire, mais pour appliquer, c’est une autre paire de manches. Total a bien diligenté sur ses sites une enquête interne pour trouver les failles, mais curieusement sans résultat. Tant qu’on se contentera de remplir des formulaires pour dédouaner les directions plutôt que d’effectuer les travaux de fiabilisation, rien ne changera....