Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le Monde
« J’étouffe ! » : les derniers mots de Cédric Chouviat, mort à la suite d’un contrôle policier + pétition
Article mis en ligne le 23 juin 2020

« Le Monde » et « Mediapart » ont eu accès aux enregistrements du téléphone de la victime. Quatre policiers ont été placés en garde à vue.

« J’étouffe ! » Le cri d’agonie est répété sept fois. Ce sont les derniers mots prononcés par Cédric Chouviat, le 3 janvier 2020, lors de son interpellation par la police quai Branly, au bord de la Seine, à Paris. Le Monde et Mediapart ont eu accès aux enregistrements du téléphone de ce livreur, père de famille, mort à la suite d’un contrôle routier qui a dégénéré. Sur les bandes vidéos, on entend clairement l’échange entre cet homme de 42 ans et les quatre fonctionnaires à l’origine de son arrestation et de son décès.

Ces derniers ont été placés en garde à vue, mercredi 17 juin, et auditionnés par l’inspection générale de la police nationale. Une information judiciaire est ouverte pour « homicide involontaire ».

pétition Pour l’interdiction du « plaquage ventral » à l’origine de la mort du livreur Cédric Chouviat

Filmée de loin par des passants, la scène gardait jusque-là une part de mystère. Mais les enquêteurs ont eu accès aux neuf vidéos tournées par Cédric Chouviat lui-même et aux trois autres prises par l’une des policières impliquées dans l’arrestation. Ces douze minutes d’échanges permettent de mieux comprendre les circonstances dans lesquelles les fonctionnaires ont décidé de procéder à l’interpellation. L’homme a été plaqué au sol sur le ventre ; d’après un témoin présent sur les lieux, une clé d’étranglement a été effectuée. Victime d’une fracture du larynx, il a été transporté à l’hôpital dans le coma. Il est mort deux jours plus tard. (...)

lire aussi :

"J’étouffe" : les derniers mots de Cédric Chouviat, mort après une interpellation violente à Paris en janvier dernier

Les experts ont disséqué les différents enregistrements de la scène pour reconstituer les échanges entre Cédric Chouviat et les policiers durant l’interpellation de ce livreur à scooter âgé de 42 ans. (...)

Le rapport se fonde sur des vidéos tournées avec des téléphones portables, par la victime, par un policier et par un automobiliste. En analysant la bande son, les experts établissent que dans un premier temps, "l’échange est relativement correct, même si nous pouvons ressentir une forme de provocation ou de défiance dans les paroles de la personne contrôlée". Puis le ton monte : "Allez les provinciaux, mettez toutes les amendes que vous voulez vous kiffez faire ça", a notamment lancé Cédric Chouviat aux policiers, qu’il qualifie de "vrais clowns".(...)

Alors que les policiers veulent de nouveau mettre fin au contrôle, Cédric Chouviat déclare : "Sans votre uniforme, dans la rue, vous n’êtes rien du tout". Il les invective une nouvelle fois et les traite de "clowns". "Tu crois que j’ai peur d’un mec comme toi", lance-t-il, répétant huit fois "pauvre type".

Onze minutes après le début de l’enregistrement, Cédric Chouviat traite un policier de "guignol". Ce dernier décide alors de l’interpeller. A plusieurs reprises, l’interpellé demande aux policiers de "ne pas le toucher", qu’"ils n’ont pas le droit de le toucher”, “d’arrêter de le pousser". Pendant l’interpellation, Cédric Chouviat dit aux policiers "Arrête", "je m’arrête", puis à sept reprises "j’étouffe".

D’après les informations recueillies par franceinfo, les quatre policiers ont été entendus mercredi dernier par l’IGPN, sous le régime de la garde à vue, dans le cadre de l’information judiciaire relative au décès de Cédric Chouviat. Les quatre agents sont convoqués chez les juges d’instruction chargés de l’affaire au début du mois de juillet.

Contacté par franceinfo, Arié Alimi, l’un des avocats de la famille de Cédric Chouviat explique qu’"il incombe désormais à Christophe Castaner d’interdire la technique de plaquage ventral et la clé d’étranglement, sauf à faire envoyer beaucoup de policiers aux assises".