
Nuit du 4 Août 1789 : « abolition des privilèges » nous disent tous les livres d’Histoire.
Dans la France d’Ancien Régime, que signifie cette expression ? Le régime féodal (1) que connaît alors la France est basé sur la terre qui est encore la principale richesse et toute la société s’organise autour d’elle : l’aristocratie qui la possède constitue « l’ordre » (2) privilégié de la noblesse et les paysans qui la cultivent appartiennent au dernier ordre du « tiers état » (3). L’ordre du clergé occupe le 1er rang, avant même la noblesse, grâce au pouvoir spirituel que lui confère la monarchie de droit divin. Clergé et noblesse bénéficient de nombreux privilèges honorifiques, juridiques et financiers, alors que les paysans doivent s’acquitter de multiples « droits féodaux » ainsi que de services personnels envers leurs seigneurs. Cette société pyramidale est coiffée par la royauté, héréditaire et de droit divin et qui a partie liée avec les ordres privilégiés, bien sûr.
Mais une bourgeoisie s’est constituée dans les villes et, alors qu’elle est juridiquement reléguée dans le dernier ordre, le tiers état, avec le peuple des villes et des campagnes, elle cherche à se faire reconnaître socialement. La place qu’elle occupe déjà dans le pays grâce à son instruction et sa richesse lui semble le justifier. Les privilèges lui sont particulièrement odieux dans la mesure où ils appartiennent aux catégories les moins productives du pays mais, dans l’administration confuse de l’époque, les privilèges des provinces et des villes (4) lui sont aussi insupportables car ils constituent autant de contraintes au libre développement de ses activités commerçantes et industrielles.
Les paysans entrent à leur tour dans la révolution : ils pillent et brûlent les châteaux, s’attaquant aux biens des aristocrates qui complotent contre l’Assemblée à Versailles. Ils s’en prennent tout particulièrement aux « terriers », archives seigneuriales sur lesquelles sont inscrits les droits féodaux que les paysans doivent à leurs seigneurs, espérant ainsi s’en débarrasser faute de preuves.
C’est cette révolte de leurs paysans, cette atteinte à leurs biens qui a affolé les aristocrates et les a conduit à se dépouiller volontairement d’une partie de leurs privilèges dans la nuit du 4 août. Mais leur enthousiasme était largement calculé comme nous le montra la suite.(...)
ce sont tous les liens de servitude personnels (corvées…), tous les privilèges des individus (droit d’aînesse, hérédité des « charges » (5)) et des ordres (dîme payée au clergé, titres de noblesse et blasons, droits de colombier, de chasse… dus aux seigneurs) mais aussi les privilèges des provinces et des villes (péages, droits d’octroi) qui ont été mis à bas dans la nuit du 4 août et il n’est donc pas exagéré de parler d’ébranlement de l’Ancien Régime féodal.(...)
Quand verra-t-on les Arnaud, Pinault, Bolloré, Bouygues… renoncer au bouclier fiscal, aux stock-options et parachutes dorés, aux multiples exonérations d’impôts, à l’usage des paradis fiscaux… ?
Quand aurons-nous la force (actions, nombre, union) de les y contraindre ? En septembre 2011, 45 milliardaires américains ont lancé une pétition réclamant du gouvernement Obama qu’il les taxe davantage afin de sauver l’économie américaine. Que ce soit de la provocation ou une manifestation de conscience politique, exigeons qu’il soit donné suite à leurs propos !(...) Wikio