Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
J’ai cherché la voiture la plus écolo possible
Article mis en ligne le 15 juillet 2018
dernière modification le 14 juillet 2018

Quelle voiture choisir quand on peut difficilement s’en passer et que l’on se sent concerné par la préservation de l’environnement ? Essence, diesel, électrique, autopartage… notre journaliste a mené l’enquête.

Des routes de montagne dans les Hautes-Pyrénées aux départementales sinueuses du Pas-de-Calais en passant par le périph’ parisien, on a fait pas mal de kilomètres ensemble, mon tacot et moi, mon vieux disque de Laurent Voulzy en fond sonore. Mais peu à peu, le doute s’est immiscé. Tout a commencé quand j’ai dû coller un macaron rouge sur son pare-brise. Puis, il y a eu les nombreuses discussions autour des particules fines, c’était compliqué de les assumer. Je mange majoritairement bio (et de saison), je trie mes déchets, je suis végétarienne à tendance végane. Et je roule en diesel. Je sais, ça fait mauvais genre.(...)

J’ai commencé à me renseigner pour trouver le type de véhicule le moins polluant possible. Un sacré défi, car quand on parle de voiture, on m’avertit tout de suite : « C’est impossible de raisonner 100 % écologie. »

Diesel ou essence ? La solution « casse-tête »
A priori, je penchais forcément pour la deuxième option, le diesel étant devenu l’ennemi public numéro 1 (souvenez-vous du DieselGate). Mais, à la lecture de différentes études, je réalise que la solution est bien plus compliquée que cela. Le guide Topten, un comparateur d’achat écolo mis en place par le WWF, annonce la couleur : « Ce qui est sûr, c’est qu’un moteur essence émet moins de certains types de polluants qu’un moteur diesel mais plus de CO2, qui contribue au changement climatique. » Hum.(...)

Pour le journaliste chargé de la rubrique automobile au magazine Que Choisir, un véhicule diesel pourrait avoir une justification environnementale pour les personnes qui enchaînent les longues distances : « Par exemple, un VRP qui fera un Paris-Marseille par semaine émettra moins de CO2 qu’en roulant avec une essence. » En revanche, « juste pour des trajets en ville, cela ne se justifie pas ». Il m’explique en effet que les filtres à particules fines pour les moteurs diesel ne sont réellement efficaces qu’au-delà d’une certaine vitesse, car la température doit être suffisamment élevée pour brûler les particules…

Mais, il y a un hic. Et de taille. Une enquête de Cash Investigation dénonçait les dépassements des normes d’homologations par les constructeurs automobiles et expliquait ainsi que les « chiffres de la pollution de nos voitures n’ont plus de rapport avec la réalité et sont souvent très sous-estimés ». Avec des conséquences dramatiques liées aux excès d’oxydes d’azote(...)

Bon. Je commence à me dire qu’une voiture essence serait sûrement plus adaptée à ma situation. Mais c’est loin d’être évident. J’apprends ainsi que pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, le secteur automobile a développé ces dernières années des moteurs à injection directe pour les voitures essence. Or ces nouveaux modèles émettraient « entre 4 et 8 fois plus de particules » que la norme autorisée pour les voitures diesel, selon une étude de l’ONG Transport et Environnement. Après, je pourrais obtenir l’installation d’un filtre à particules sur ma voiture, non ? Pas forcément. Car Yves Martin m’explique qu’en dépit des nouvelles normes européennes, « les filtres à particules ne vont pas se généraliser comme pour les diesel dans les années 2000. Pour le moment, ce n’est pas une obligation pour les constructeurs automobiles ». Pour résumer, choisir entre une essence et une diesel, cela revient à se trouver pris en tenaille entre pollution atmosphérique, gaz à effet de serre, et particules fines.

Quelle solution alors ? (...)

Les sirènes de la voiture électrique, la solution « faux ami »
Silencieuse, on n’entendrait qu’un simple souffle à son passage. Avec elle, on est loin du débat sur les émissions de gaz à effet de serre ou les particules fines. A priori, il est difficile de rester insensible aux sirènes de la voiture électrique. Et ce n’est pas l’Ademe qui dira le contraire(...)

forcément, il y a (encore) un hic. « Sur l’ensemble de son cycle de vie, la consommation énergétique d’un véhicule électrique est globalement proche de celle d’un véhicule diesel », poursuit l’Ademe. Voiture électrique, voiture thermique, même combat ? « Avec les véhicules électriques, on délocalise juste la pollution », confirme Jonas Moerman.(...)

En cause ? La fabrication des batteries, extrêmement énergivore et particulièrement polluante, en raison de la présence de métaux rares. De fait, l’extraction du lithium ou encore du coltan est la cause de nombreux ravages environnementaux et sociaux (...)

L’autopartage, la solution la plus « écolo »
De son côté Jonas Moerman finit par conclure que la meilleure façon d’être écolo en voiture serait de changer radicalement ses pratiques en matière de conduite. « Le message n’est pas de dire halte à la voiture, mais de l’utiliser de manière plus rationnelle et plus partagée ! Il y a encore trop de gens seuls au volant. » Difficile de ne pas me sentir concernée.

Pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, il faudrait donc favoriser les alternatives à la voiture personnelle, comme le vélo, les transports en commun, mais également « l’autopartage ». (...)

si je pense à mon empreinte écologique, ce système se défend clairement. Selon les chiffres du gouvernement, une seule voiture en autopartage permettrait de remplacer « cinq voitures personnelles ». De plus, ce dispositif éviterait la fabrication de « six à huit voitures », ce qui équivaut à une réduction de 36 tonnes de CO2 sur dix ans. Jackpot.

Autre possibilité qui se répand : les systèmes de location de voitures entre particuliers.

Mais le chercheur tempère mon enthousiasme naissant. « Il faut d’abord se demander s’il y a vraiment des alternatives à la mobilité, car si vous avez besoin de votre véhicule tous les jours, la question de l’autopartage ne se pose même pas, souligne Nicolas Louvet, avant de poursuivre : Ce dispositif ne peut pas répondre à la mobilité globale des individus. »(...)

« Mais quand on habite à la campagne et que l’on doit utiliser la voiture quotidiennement, sans TER à proximité, l’autopartage n’est pas la réponse. »

Quelle solution alors ? Cela dépend donc de votre lieu de résidence. (...)