
Une manifestation pour la paix a rassemblé près de 7 000 personnes, samedi, à Tel-Aviv, sous les menaces et invectives d’une ultradroite chauffée à blanc.
A Tel-Aviv (Israël), envoyée spéciale. Ils étaient apparus, jusqu’ici, terriblement isolés. Un cap a été franchi samedi soir, place Rabin, à TelIAviv, par les pacifistes israéliens : près de 7 000 personnes se sont rassemblées pour exiger que cesse la guerre menée contre la population de la bande de Gaza. Aucun des rassemblements organisés depuis le début de l’offensive militaire, qui jouit d’un solide soutien dans l’opinion israélienne, n’avait attiré, auparavant, plus que quelques centaines de militants. « Arrêtez la guerre, arrêtez l’occupation » ; « Juifs et Arabes refusent d’être ennemis », pouvaiton lire sur les banderoles. Dans la foule, des militants communistes du Hadash, des sympathisants d’extrême gauche, des activistes de l’ONG Breaking the Silence qui rend publics les témoignages de soldats israéliens sur les crimes de guerre, mais aussi des jeunes du Meretz qui ont passé outre la décision de leur parti de ne pas prendre part à cette manifestation. (...)
La pression et les intimidations de l’extrême droite ne sont pas parvenues à étouffer les voix de paix. Les autorités israéliennes n’avaient pourtant pas ménagé leurs efforts pour tenter de faire obstacle à la mobilisation. Elles avaient décrété l’interdiction du rassemblement, deux heures avant le rendez-vous. Les bus transportant les manifestants venus de Jérusalem et de Haïfa, bloqués à l’entrée de Tel-Aviv, ont dû rebrousser chemin. Et c’est sous l’oeil passif des forces de l’ordre séparant les deux camps d’un simple cordon que trois cents militants d’ultradroite, écumant de haine, ont pu abreuver les pacifistes d’injures, proférant menaces de mort ou de viol, appelant au lynchage « des gauchistes et des Arabes ». Ces extrémistes qui ont multiplié, ces dernières semaines, les attaques physiques contre les militants de la paix, entretiennent un lourd climat de violence et de haine, que les habitants de Tel-Aviv, surnommée « la bulle », découvrent avec effroi. (...)
Marginalisés, criminalisés, les militants de la paix, en Israël, livrent un combat d’autant plus difficile que la propagande belliciste se déploie avec une efficacité redoutable. « Une écrasante majorité de la population soutient l’offensive militaire dans la bande de Gaza. La guerre sert de ciment national à la société israélienne, analyse Eléonore Merza. Maintenir un état de guerre, désigner un ennemi commun permet, dans un contexte économique difficile, de reléguer toute contestation sociale à l’arrière-plan. »