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le Monde
« Islamo-gauchisme » : un terme sans « aucune réalité scientifique » selon le CNRS, Frédérique Vidal sous pression
Article mis en ligne le 18 février 2021

La pression est montée d’un cran, mercredi 17 février, sur la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, jusqu’au sein de la majorité, pour avoir diligenté une enquête sur « l’islamo-gauchisme » à l’université, quand l’exécutif peine déjà à atténuer les stigmates de la crise chez les étudiants.
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Recadrage au sommet

Le recadrage au sommet s’est fait en termes policés à l’issue du conseil des ministres, mercredi. Emmanuel Macron a répété son « attachement absolu à l’indépendance des enseignants-chercheurs », selon le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, prenant ainsi ses distances avec l’étude demandée par Frédérique Vidal.
Puis Gabriel Attal a encore rappelé que « la priorité pour le gouvernement, c’est évidemment la situation des étudiants dans la crise sanitaire, c’est évidemment la possibilité d’apporter un soutien financier aux étudiants en difficulté, c’est évidemment de permettre aux étudiants qui le souhaitent de pouvoir revenir progressivement en présentiel à l’université », rejoignant plusieurs voix au sein de la majorité appelant Mme Vidal à se concentrer d’abord sur ces points. « Quand elle est sur un plateau de télévision, elle devrait être obsédée par la vie des étudiants, pas sortir ce genre de choses », se désole un cadre de la majorité.

L’enjeu politique est énorme pour l’exécutif qui voit fleurir les images d’étudiants dans les files d’attente devant des banques alimentaires, et les témoignages de détresse psychologique chez les jeunes.
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« Instrumentalisation de la science »

Sur le fond, la sortie de Mme Vidal a provoqué la « stupeur » de la Conférence des présidents d’université (CPU), qui a publié un communiqué au vitriol vilipendant les « représentations caricaturales » et « arguties de café du commerce » du gouvernement.

Si dans un communiqué le CNRS s’est, lui, dit prêt à « participer à la production de l’étude souhaitée par la ministre », il a toutefois insisté sur le fait que le terme d’islamo-gauchisme « ne correspond à aucune réalité scientifique », regrettant une « polémique emblématique d’une instrumentalisation de la science ».

Le centre de recherche a par ailleurs tenu à « condamner avec fermeté celles et ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique indispensable à la démarche scientifique et à l’avancée des connaissances, ou stigmatiser certaines communautés scientifiques ». 
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« On va demander à nos chercheurs du CNRS de devenir des flics qui enquêtent sur leur propre université, c’est absurde, il s’agit d’un dérapage incompréhensible », abonde auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Michel Deneken, administrateur provisoire à l’université de Strasbourg, mettant cette initiative sur le compte d’une stratégie politique pour « rallier la droite avant les élections régionales et la présidentielle ».

Le sillon, qui avait déjà été emprunté en octobre 2020 par le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, était en effet creusé depuis plusieurs mois par la droite, dont le député Les Républicains (LR) de Vaucluse Julien Aubert, qui réclamait une mission parlementaire sur la question.

« Police de la pensée »

« Vous n’avez rien d’autre à faire que de lancer une police de la pensée ? », s’est insurgée, mardi, la députée La France insoumise (LFI) de l’Ariège Bénédicte Taurine, son collègue (LFI) de la Somme François Ruffin réclamant, lui, la démission de la ministre.
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La polémique relance en tout cas les critiques autour de Mme Vidal, universitaire reconnue, spécialiste de la génétique moléculaire, mais accusée de manquer de poids et de sens politiques. (...)