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Futura-Sciences
Invasion des crabes royaux en Antarctique : coup fatal pour l’écosystème
Article mis en ligne le 21 décembre 2012
dernière modification le 17 décembre 2012

Les eaux de l’Antarctique se sont réchauffées, principalement ces 50 dernières années. Ce réchauffement a engendré une invasion de crabes royaux sur le plateau continental. Particulièrement friands d’invertébrés, ils dévastent l’écosystème de cette région.

En février 2010, le submersible Genesis arpentait les fonds marins de la péninsule Antarctique. Sur les 11 lieux visités, 10 grouillaient de vie. Les invertébrés étaient principalement au rendez-vous : les lys de mer, les ophiures et les concombres de mer, toutes ces espèces étonnantes étaient présentes en abondance. Mais sur le 11e site, le bassin de Palmer, tous étaient absents. Un paysage sous-marin de désolation figurait à la place. La raison ? Les chercheurs n’ont pas tardé à la trouver : la caméra de Genesis a d’abord détecté un crabe royal (Paralithodes camtschaticus) qui cherchait tranquillement des vers ou des crustacés pour son repas. Puis un autre apparut sur la caméra, puis encore un autre… Une analyse de Craig Smith, l’initiateur de cette mission, suggère qu’il y en aurait déjà 1,5 million dans ce bassin. (...)


En raison de ses températures extrêmes, l’Antarctique est depuis 30 millions d’années un milieu incompatible avec la survie des crabes.
Le continent s’est détaché de l’Amérique du Sud voilà 40 millions d’années, événement qui a donné naissance au courant circumpolaire. Celui-ci a rapidement isolé l’inlandsis de l’air chaud et l’a plongé dans un hiver permanent. Mais ces conditions extrêmes sont en train d’évoluer : l’océan Austral s’est réchauffé, permettant aux prédateurs d’envahir et dévaster la faune du lieu. (...)

De par son isolement, l’Antarctique est particulièrement vulnérable face aux changements climatiques. Si la hausse de température engendre la disparition des invertébrés, les détritus seront consommés par les microbes plutôt que transformés en biomasse. C’est une réaction en chaîne : moins de vertébrés, donc moins de biomasse, donc moins d’animaux sur l’ensemble du plancher océanique. Les géologues sont inquiets pour la plupart. Mais certains se veulent moins alarmistes. Julian Gutt, par exemple, précise qu’il faudrait plus de temps pour parler de véritable invasion. Selon lui, les crabes pourraient bien déménager d’ici 50 ans. Mais tous sont attentifs aux signes d’évolution. Rich Aronson, membre de l’équipe de Sven Thatje, n’est toutefois pas franchement optimiste. « Chaque fois que nous faisons une prévision sur les 50 prochaines années, pouf, ça se produit seulement 10 ans après. »