
Etre à l’écoute d’un système pour qui l’exclusion des élèves au sens large du terme est un mode de régulation ordinaire du fonctionnement de l’école et aussi une façon « disciplinaire » pour les établissements de gérer l’échec scolaire, cela signifie d’abord de comprendre globalement les processus qui engendrent ce phénomène, qu’ils soient d’ordre culturel, économique, social ou scolaire.
Cela signifie ensuite d’approcher la mesure de leurs diverses traductions en matière d’organisation et de leurs importances respectives. Enfin, cela signifie de repérer les dispositifs d’écoute et de « remédiation » mis en oeuvre pour lutter contre cette logique.
Il faut toutefois partir d’un constat qui a « la vie dure » : la plupart des enquêtes d’opinion « grand public » mettent en évidence la confiance de la société française dans son école et le sentiment général que le système éducatif offre à tous les enfants les mêmes conditions de réussite scolaire et sociale.
La réalité est beaucoup moins positive... (...)
l’école française se singularise par deux caractéristiques récemment mises à jour par les études comparatives des systèmes éducatifs des pays de l’OCDE : une inégalité scolaire entre les élèves qui bat (presque) tous les records et se positionne à la 23ème place sur 24 pays classés et des rangs de classement dans la compréhension par les élèves de 15 ans de la lecture, des mathématiques et des sciences, qui ne cessent de descendre depuis…10 ans.
Citons par exemple la compréhension de la lecture ou la France passe de la 12ème à la 18ème place et celle des mathématiques ou elle passe de la 13ème à la 16ème place.
A ces chiffres, il faut ajouter que près de 150 000 élèves sortent chaque année de notre système éducatif sans qualification ni diplôme. (...)
Dans ce contexte, comment agir pour introduire l’équité dans le système éducatif ? Tout en entreprenant le long cheminement vers une prise de conscience collective que l’homme est avant tout un être social et historique et que le « pur don naturel » n’existe pas, les études récentes offrent des pistes de changement. (...)
Les solutions possibles passent toutes par la mise en place d’enseignements pluridisciplinaires, de travail en équipe des enseignants et de travail en groupe pour les élèves, d’activités sportives et culturelles, d’une pédagogie de la coopération (et non de la concurrence) et dans le cadre d’une autre organisation du temps scolaire qui soit réellement centrée sur l’élève et ses besoins, son épanouissement et sa réussite. (...)
D’autres pays proches de la France comme l’Allemagne et le Portugal, ont réussi à inverser en moins de 10 ans cette courbe de l’échec scolaire. (...)
Notre école publique et laïque est à un croisement vital pour son avenir et celui de la société française. Les choix à venir seront décisifs.