Rasoirs, lingettes, textiles sanitaires, vaisselle, depuis les Trente Glorieuses nous sommes entrés dans l’ère du jetable. Symbole de la modernité, de progrès et de la libération de la ménagère, les produits jetables ont pris une place importante dans notre quotidien. Néanmoins, aussi pratiques qu’ils puissent être, ces produits pèsent lourds sur l’environnement et sur le climat.
Adopter une vision globale : des impacts climatiques à tous les étages
Pour visualiser ces impacts, il est nécessaire d’adopter une vision globale du cycle de vie des produits. En effet, nos déchets, avant d’être abandonnés, ont été des produits. Or, à toutes les étapes de leur vie, de l’extraction des matières premières au traitement des déchets en passant par le processus de fabrication, de conditionnement et la distribution, des gaz à effet de serre (GES) ont été émis. Ces derniers s’ajoutent aux GES que représente le transport sur des centaines de kilomètres de ces matières premières, produits et déchets.
Notre mode de (sur)consommation a donc des impacts non négligeables sur l’environnement et notamment sur le climat. Sachant cela, le développement des produits jetables apparait comme un énorme gâchis d’émissions de GES.
Encore faut-il que les alternatives au jetable soient véritablement préférables du point de vue environnemental et ici climatique. Par exemple, il convient de vérifier que leur fabrication n’émet pas plus de CO2 et que leur lavage et séchage ne consomme pas trop d’énergie. A ce sujet des Analyses du Cycle de Vie peuvent et doivent être effectuées tout en gardant cependant en tête le fait qu’elles ne pourront pas prendre en compte tous les facteurs et qu’elles dépendent fortement des hypothèses retenues. A ce sujet, on peut citer une étude de l’Agence du Royaume-Uni pour l’Environnement de 2008 qui concluait que les couches jetables et lavables avaient un impact équivalent sur l’environnement… en retenant l’hypothèse selon laquelle ces dernières étaient lavées à 90° et systématiquement repassées.
Une vaisselle jetable qui pèse lourd dans nos ordures… non valorisées (...)
à l’heure où la France prétend vouloir parvenir à un accord ambitieux à la Conférence Climat de Paris en novembre prochain, il est grand temps pour nos représentants passer de la parole aux actes et d’encourager la sortie du tout-jetable par des décisions courageuses (interdiction de la mise sur le marché de la vaisselle jetable non-compostable, utilisation de la commande publique, fiscalité…). La décision de la commission spéciale du Sénat de supprimer l’interdiction de la vaisselle jetable en plastique, ne s’inscrit malheureusement pas dans cette tendance !