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"Il n’y a pas d’homme en bonne santé sur une planète malade" : le cri d’alarme du WWF sur le coronavirus
Article mis en ligne le 3 avril 2020
dernière modification le 2 avril 2020

Et si l’on prenait le temps en cette période de confinement de comprendre en quoi l’homme est responsable de la pandémie ? Pour Isabelle Autissier, présidente du WWF, le fonds mondial pour la nature, les atteintes à la biodiversité sont à l’origine de cette crise. Elle espère que les États sauront en tirer les leçons.

ISABELLE AUTISSIER : "Pour nous, au WWF, le message qui s’impose, c’est que le rapport des hommes à la nature est fondamental. Or il n’y a pas d’homme en bonne santé sur une planète malade, que ce soit à cause du réchauffement, de la pollution ou de l’écroulement de la biodiversité. Les scientifiques le disent. Quand on regarde les pandémies des dizaines d’années qui viennent de s’écouler, Ebola, le SRAS, le VIH et vraisemblablement ce coronavirus, on voit bien que des milieux naturels ont été détruits par nos modes de consommation et de production. Et surtout on a laissé faire le braconnage d’espèces sauvages. De ce fait, on a rapproché les hommes d’une nature et d’animaux qui en étaient très éloignés. Avec ce rapprochement, on a favorisé le passage de micro-organismes des animaux vers les hommes et inversement. C’est le cas avec les pangolins ou les chauves-souris. On le sait déjà, la destruction de la nature favorise l’apparition de pandémies nouvelles." (...)

Justement, l’année 2020 devait être une année cruciale pour la biodiversité, avec la COP15 prévue en Chine fin octobre. Or cette conférence mondiale, aussi importante que les COP sur le climat, est reportée. Le regrettez-vous ?

"Non, car je pense que cette COP 15 se tiendra en 2021 sur une toute autre base. Il faut que les décideurs, les gouvernements en comprennent l’enjeu. En tout cas, nous, au WWF, on sera très attaché à faire en sorte que toute la relance de l’économie- on va mettre des centaines de milliards sur la table - ne permette pas de revenir au ’business as usual’, ce système basé sur l’économie des profits qui nous a enfoncé dans la crise. Nous allons donc réfléchir à des propositions pour favoriser certains comportements vertueux et imposer des conditions à certains secteurs de l’économie. (...)

Qu’attendez-vous alors des États ?

"Qu’ils saisissent cette opportunité ! Essayons de tirer le meilleur du pire pour changer de modèle. Sinon, nous allons repayer d’une manière ou d’une autre, que ce soit avec une pandémie ou des événements extrêmes. (...)

Le WWF mesure tous les deux an l’empreinte de l’homme. On a détruit en 40 ans 60% des vertébrés sauvages de la planète. Nous en perdons 2 ou 3% par an ! Ce n’est pas possible de continuer ainsi. Cette COP est décalée, ce n’est pas gravissime, mais il faut que cette crise agisse comme un révélateur. (...)