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« Il faut un impôt mondial sur le capital »
Article mis en ligne le 16 octobre 2013
dernière modification le 11 octobre 2013

Depuis quinze ans, Thomas Piketty, professeur à l’Ecole d’économie de Paris, travaille sur les inégalités. Il vient de publier "Le capital au XXIe siècle", dans lequel il plaide un impôt mondial progressif sur le capital.

Thomas Piketty - Plusieurs phénomènes se conjuguent. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le stock de patrimoine privé était tombé à un niveau très bas. Il a fallu des décennies pour qu’il se reconstitue. Ce processus a été renforcé par l’abaissement de la croissance depuis les années 70-80. Dans des sociétés de croissance lente, les patrimoines issus du passé prennent naturellement une importance démesurée. Le capitalisme de reconstruction n’était qu’une parenthèse : dans le long terme, il ne peut exister de capitalisme autre que patrimonial. (...)

les guerres ont joué un rôle central dans la réduction des inégalités au XXe siècle. Elles ont détruit les patrimoines issus du passé, et elles ont imposé une fiscalité progressive et un Etat social que les élites refusaient avant les conflits. Pour mettre fin au décrochage stérile des plus hautes rémunérations - qui se sont envolées depuis les années 90 -, il suffirait de ressusciter l’impôt confiscatoire sur les revenus indécents que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont appliqué des années 30 aux années 80.

Mais pour contenir la dynamique explosive des inégalités patrimoniales mondiales, il faut inventer de nouveaux outils. Seul un impôt progressif sur le capital, avec des taux atteignant 5-10% sur les fortunes de plusieurs milliards d’euros, permettrait de rétablir pacifiquement l’équilibre. Faute de quoi on assistera à diverses formes (...)

Il faudrait d’abord cesser de chanter les louanges de nos modèles méritocratiques nationaux, sans examiner les faits. Aux Etats-Unis, on feint d’ignorer que le revenu moyen des parents des étudiants de Harvard correspond aux 2% des revenus américains les plus élevés. En France, on s’imagine que l’absence de droits d’inscription suffit à assurer l’égalité des chances, et on continue d’investir deux ou trois fois plus de financements publics pour la formation des étudiants les plus favorisés que pour les autres, ce qui ne fait que renforcer les inégalités initiales. (...)