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Nouvel Obs
« Il faut absolument empêcher les entreprises de verser des dividendes en 2020 »
Article mis en ligne le 29 mars 2020

Dans une lettre ouverte à Bruno Le Maire, Cécile Duflot, directrice d’Oxfam France, entre autres, demande au gouvernement, avec 8 autres signataires, de prendre une ordonnance pour « empêcher toutes les grandes entreprises de verser dividendes, rachats d’action et bonus aux PDG en 2020, a fortiori pour les entreprises qui bénéficient de fonds publics. »

Monsieur le Ministre,

Vous avez invité les entreprises à faire preuve de civisme et de modération quant aux versements de leurs dividendes. Dans cette crise sans précédent, où tout le monde est contraint à de grands sacrifices, est-ce vraiment juste, et surtout suffisant ?

Nous saluons la volonté du gouvernement de se saisir de ce sujet et de répondre à l’indécence de certaines entreprises souhaitant maintenir leurs dividendes, alors que les entreprises européennes commencent à distribuer à leurs actionnaires quelques 359 milliards d’euros de dividendes.

Mais les conditions que vous avez posées sont insuffisantes. Pourquoi ? Car hormis le report de charges et d’impôts, les entreprises pourront bénéficier des autres mesures d’urgence et notamment du dispositif renforcé de chômage partiel tout en continuant de verser des dividendes à leurs actionnaires.

Alors qu’une partie des salariés touchent aujourd’hui seulement 84 % de leurs salaires dans le cadre de ce dispositif, il serait incompréhensible que les entreprises qui en bénéficient continuent de verser des dividendes à leurs actionnaires.
Le gouvernement peut agir dès maintenant

Personne ne comprendrait que les grandes entreprises utilisent un seul euro d’aide publique pour verser des dividendes, racheter des actions ou verser des bonus à leurs PDG. (...)

Le gouvernement peut agir dès maintenant en prenant une ordonnance, autorisée dans le cadre de la loi Urgence Sanitaire. La Norvège et la Suède sont en train de le faire pour le secteur bancaire, et la Fédération Bancaire européenne l’encourage. La France ne peut pas être à contre-courant du sens de cette crise : encore plus qu’avant, il faut prioriser la capacité des entreprises à protéger leurs salariés et à investir dans la transition écologique et sociale pour assurer leur durabilité, sinon leur survie.

Au-delà des mesures d’urgence, il sera nécessaire de ne pas répéter les mêmes erreurs qu’en 2008. (...)

Monsieur le Ministre, nous attendons du gouvernement qu’au-delà des « recommandations » et autres « invitations » il prenne des décisions efficaces et opposables et nous sommes prêts à y travailler au plus vite avec vous.