Pour alerter sur la situation de l’hôpital public, plus de 1000 médecins s’apprêtent à démissionner de leurs fonctions administratives.
Les professionnels de santé ont décidé de taper du poing sur la table. Mardi 7 janvier, le collectif inter-hôpitaux (CIH) a fait savoir que « plus de 1000 médecins hospitaliers dont 600 chefs de service » ont signé une « lettre de démission collective de leurs responsabilités ». Une mobilisation nationale inédite. Ce collectif, formé en septembre 2019, rassemble des professionnels de santé, des professionnels paramédicaux et non médicaux, mais aussi des usagers de l’hôpital public.
Conférence de presse le 14 janvier à 11h00 à Paris et en région ➡️ lettre de démission collective pic.twitter.com/0WG5zYC4t2
— COLLECTIF INTER-HOPITAUX (@CollectInterHop) January 9, 2020
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La coupe était déjà pleine. Désormais, elle déborde. (...)
En pratique, « il n’est pas question de diminuer l’activité de soins, cette action ne doit pas retomber sur les équipes et les patients, explique le Dr Olivier Milleron, cardiologue à l’hôpital Bichat (Paris) et porte-parole du collectif CIH. En revanche, ces médecins ne seront plus les interlocuteurs de l’administration et qu’ils vont laisser tomber un certain nombre de responsabilités, ce qui va poser des difficultés ». En clair, ils cesseront d’assumer certaines des taches administratives qui leur incombent. (...)
Une action forte, alternative à la grève. « Faire la grève à l’hôpital, c’est très compliqué, souligne le Dr Milleron. C’est rageant car nous n’avons aucun levier de négociation et les pouvoirs publics le savent pertinemment. Nous n’arrêtons pas de crier ’’au secours’’ mais on a l’impression qu’on nous pousse à faire des actions radicales pour être entendus. »
Après deux journées de grève en fin d’année dernière - l’une en novembre, qui avait mobilisé la moitié des médecins des hôpitaux publics, l’autre en décembre -, les professionnels de santé ont le sentiment de ne pas avoir été écoutés par leur ministre de tutelle, Agnès Buzyn. (...)
Des conférences de presse se tiendront dans plusieurs villes le 14 janvier prochain, dont l’une à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, à Paris. La lettre de démission collective sera dévoilée et des médecins démissionnaires exposeront leurs revendications adressées à la ministre de la Santé. « Les changements que nous demandons sont raisonnables, souligne le Dr Milleron. Nous voulons simplement que le personnel non médical soit payé correctement et que le budget de l’hôpital public soit voté en fonction des besoins de la population ». (...)
Nous demandons 300 euros net supplémentaires par mois pour le personnel non médical », indique le médecin, qui dénonce une situation aberrante. « Nous passons notre temps à former des gens qui s’en vont ! »
Le collectif espère que des négociations pourront bientôt être engagées. « Sans moyens supplémentaires, le personnel va s’en aller. Il faut donc s’attendre à des catastrophes sanitaires », assène le porte-parole du CIH.