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Libération
Hôpital : la pression monte pour un retour de l’obligation de garde des médecins libéraux
Article mis en ligne le 23 mai 2022

Alors que les services d’urgences craquent de partout, le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux, presse l’exécutif de rétablir « l’obligation de garde » pour les professionnels de la médecine.

C’était une proposition polémique, cela devient une invitation pressante sur fond de risque grandissant d’implosion des urgences hospitalières.

Pour cause, l’hôpital est au plus mal. « Le taux d’absentéisme est plus élevé qu’avant la crise [du Covid], les difficultés à recruter sont fortes […] et des tensions majeures existent sur les spécialités médicales assujetties aux gardes et astreintes, détaille le patron de la FHF. Des lits sont fermés dans plus de trois quarts des établissements, y compris médico-sociaux, beaucoup de blocs tournent au ralenti et on note dans toutes les régions des fermetures de services d’urgence ». Pour éviter un crash, « la revalorisation immédiate des indemnités de nuit et de week-end » des hospitaliers est selon lui indispensable. Mais pas suffisante. Pour Frédéric Valletoux – par ailleurs maire de Fontainebleau et candidat aux législatives sous la bannière de la majorité présidentielle – il s’agit aussi de remobiliser très vite les généralistes sur la permanence de soins, et partant de réorganiser le système de santé à l’échelle des territoires.
« Pas conforme aux priorités de santé publique »

Son alerte repose sur plusieurs constats. Primo, l’effet vase communicant entre baisse de l’offre de santé de premier recours et explosion des passages aux urgences n’est plus contestable. (...)

Deuxième constat, la liberté d’installation accordée aux médecins libéraux ne permet pas une répartition homogène de l’offre de soin. (...)

Par exemple, les écarts pour 100 000 habitants vont de 1 à 40 entre les territoires pour les psychiatres libéraux et salariés, alors même que le secteur psychiatrique public fait face à des difficultés sans précédent, en particulier en pédopsychiatrie. Or, selon Valletoux, l’argument de la « pénurie de médecins » souvent brandi pour expliquer les carences de la médecine de ville dans l’accès au soin, ne tient pas. (...)

« Avoir une réflexion collective »

De quoi, selon lui, interroger sérieusement le déséquilibre des obligations qui pèsent sur les différents acteurs rémunérés par les cotisations sociales obligatoires, notamment dans la permanence des soins. Car alors que les professionnels des hôpitaux publics doivent assumer la permanence des soins, répondre à une obligation de gardes et astreintes, 60%, des médecins généralistes ne participe pas aux gardes. « Avoir une réflexion collective sur la participation aux gardes est une évidence. Pour les Français, c’est même du bon sens », insiste Valletoux qui invite au passage l’exécutif à revaloriser aussi les gardes et astreintes médicales, actuellement « sous-payées ».

A défaut de réforme, le pire ne serait, selon lui, plus à exclure : « Soit le système de santé se transforme radicalement, et c’est aux pouvoirs publics de donner le « la ». Soit nous nous enfonçons dans une irrémédiable crise qui va conduire à faire fuir dans des proportions plus importantes que jamais, ces hospitaliers qui font tourner nos établissements ».