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Hongrie : le gouvernement libère 700 passeurs pour faire de la place dans ses prisons submergées
#Hongrie #migrants #passeurs #prisons
Article mis en ligne le 25 mai 2023

La Hongrie a décidé lundi de libérer 700 détenus condamnés pour trafics d’êtres humains. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban veut éviter de faire payer à sa population le coût de sa politique anti-migrants. Budapest a enfermé 2 600 passeurs ces dernières années.

C’est une conséquence imprévue de la politique hongroise de tolérance zéro sur l’immigration illégale. Le gouvernement du Premier ministre nationaliste Viktor Orban va relâcher 700 détenus qui avaient été condamnés pour avoir fait passer des migrants. La plupart sont originaires des pays alentour. Ils devront "quitter le territoire hongrois dans les 72 heures". Le décret, adopté le 25 avril, vise, selon le gouvernement, à faciliter la "réinsertion des personnes reconnues coupables du crime de traite d’êtres humains".

Selon l’AFP, la publication de ce décret a engendré ce lundi 22 mai la colère du ministre des Affaires étrangères autrichien, Alexander Schallenberg : "Nous attendons de la Hongrie des explications [...] et avons donc convoqué cet après-midi l’ambassadeur pour un entretien urgent", a-t-il déclaré. "En tant que pays voisin, cette décision de la Hongrie a des répercussions directes sur notre sécurité", a-t-il ajouté, se disant "très préoccupé".

Même le chef du parti d’extrême droite autrichien FPO, Herbert Kickl, d’habitude enclin à louer le modèle mis en place par Viktor Orban, a critiqué ce lundi une décision "incompréhensible et inacceptable". En conséquence, l’Autriche a renforcé dès ce week-end les contrôles aux frontières.
La Hongrie veut faire des économies sur ses prisons

Sous la présidence de Viktor Orban, la Hongrie a fortement durci sa politique contre les passeurs de migrants, passibles d’une peine allant jusqu’à dix ans de prison. En juin 2018, le Parlement de Budapest avait adopté dans sa loi "Stop-Soros" une mesure rendant passible d’un an de prison le fait d’apporter une assistance à un migrant, si la vie de l’intéressé n’est pas immédiatement en danger. Cette loi a même valu à la Hongrie d’être condamnée par la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE).

Résultat, le nombre de détenus condamnés pour trafic d’êtres humains a fortement augmenté. Ils représentent actuellement 13% du total, soit quelque 2 600 prisonniers de 73 pays. Le décret publié le 27 avril vise donc à limiter "le coût pour les contribuables hongrois" de cette politique anti-migrants. (...)

De plus en plus de travailleurs étrangers

Cette politique fortement hostile aux migrants est pourtant contredite par la volonté du gouvernement d’attirer les travailleurs étrangers pour compenser le déclin démographique du pays.

"D’ici à un an ou deux, la Hongrie va avoir besoin de 500 000 nouveaux travailleurs", a déclaré le premier ministre nationaliste, le 9 mars. Des milliers de travailleurs étrangers sont déjà arrivés ces derniers mois, notamment pour travailler dans des sociétés de transport routier. La plupart ont reçu des cartes de séjour de 2 ans et espèrent pouvoir s’installer à plus long terme dans le pays, même si Viktor Orban assure que le regroupement familial n’est pas d’actualité. (...)