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Histoire coloniale
Hélène Cuénat, l’une de ces Françaises et Français qui ont agi pour l’indépendance de l’Algérie
/OrientXXI
Article mis en ligne le 22 août 2022
dernière modification le 21 août 2022

La colonisation était un système contradictoire avec toutes les valeurs des droits de l’Homme. Du temps de l’empire et des guerres coloniales, un certain nombre de Françaises et de Français l’ont compris et ont eu le courage de le combattre et d’aider notamment la lutte des Algériens pour leur indépendance. Ci-dessous le parcours d’Hélène Cuénat rapporté pour le site Orient XXI par Sylvie Braibant, historienne, journaliste et ex-rédactrice en chef de TV5 Monde. (...)

La mort d’Hélène Cuénat le 18 mai 2022 à Noisy-le-Grand en Seine-Saint-Denis est passée presque inaperçue. Départ discret d’une femme extraordinaire, qui consacra une partie de sa vie au soutien à la lutte d’indépendance du peuple algérien.

Souvent, Hélène Cuenat s’est appliquée à effacer elle-même ses traces. Pourtant, elle avait publié en 2001 La Porte verte, un récit autobiographique limpide qui procédait comme un film, en allers-retours dans un parcours riche en engagements, en « à venir », mais aussi marqué par la douleur — hier vu d’aujourd’hui, hier pour comprendre et vivre aujourd’hui. (...)

C’est par la « porte verte » que les détenues entraient à la Petite Roquette, prison parisienne de femmes démolie en 1974. Par cette porte aussi que sa fille Michèle, alors âgée de sept ans, entrait pour lui rendre visite. Pour Hélène Cuénat, cette porte qui s’était refermée sur sa liberté en 1960 ouvrait aussi un passage vers l’émancipation. (...)

Aux côtés du FLN algérien

En 1957, jeune enseignante, membre du Parti communiste, elle s’engage, entre hasard et conviction, dans le réseau Jeanson qui aide le Front de libération nationale (FLN) algérien, une démarche à l’encontre de la politique officielle de son parti. Après trois ans d’intense activité, elle est arrêtée, interrogée, inculpée, puis transférée à la maison d’arrêt de la Petite Roquette. Elle y restera un an, jusqu’à son procès, une condamnation à dix ans de prison et une évasion retentissante. Une année particulière, celle de l’expérience de l’enfermement et de la solidarité « anti-autoritaire » au sein d’un collectif de femmes. (...)

Se sachant menacés, Francis Jeanson et Hélène Cuénat s’apprêtèrent à quitter Paris en février 1960. Jeanson échappa de justesse à l’arrestation, mais Hélène Cuénat, retenue par un problème domestique, n’eut pas cette chance. « J’ai été arrêtée parce que j’ai eu le tort d’attendre l’employé du gaz. Le destin en a été modifié », disait-elle drôlement.

L’arrestation fut mouvementée, Hélène Cuénat bien décidée à ne pas leur laisser la tâche facile, les agents la surnommèrent alors « la tigresse », le qualificatif restera dans les journaux : (...)

Voici comment Le Monde rend compte de cette évasion collective de la section des femmes de la Roquette, alors « gérée » par des religieuses catholiques, peut-être moins vigilantes que des gardiens professionnels (...)

Hélène Cuénat réussit à passer en Belgique puis à gagner le Maroc et enfin l’Algérie en 1962. (...)

De retour à Paris en 1972, elle se consacre à la formation d’adultes au Conservatoire national des arts et métiers jusqu’à sa retraite en 1996. « Quand je suis rentrée en France, j’ai eu la chance de trouver un travail qui m’a passionnée. Je me suis resituée là, parce que je suis rentrée en France sachant que c’était là ma place. » Elle reste pourtant attachée à l’Algérie, et avoue acheter les journaux algériens tous les jours. (...)