
Le 1er juillet 2019, le mandat du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) entrait dans les six derniers mois de son mandat. Nommés pour cinq ans, les membres actuels du HCB ne le seront officiellement plus le 31 décembre 2019. Mais, en attendant son renouvellement par le gouvernement français, force est de constater que le HCB a de moins en moins de ressources pour remplir ses missions de manière exhaustive.
En janvier 2019, le bureau du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) décidait, par manque de ressources humaines suffisantes du côté de son Comité économique, éthique et social (CEES), de reporter son travail sur la question du saumon transgénique. Plus largement, depuis deux ans et demi, le HCB ne publie plus que des avis partiels en réponse à des demandes d’autorisation, avis composés du seul avis de son comité scientifique (CS), sans la recommandation du CEES sur les aspects éthiques, économiques et sociaux.
Audit du HCB : des conclusions bien gardées
Avant l’été 2018, un audit des deux premiers mandats du HCB était ordonné par les cinq ministères de tutelle de cette instance [1] pour faire un bilan de son travail et proposer des perspectives d’évolution. Le fruit de cet audit était attendu pour fin 2018 voire début 2019. Or le rapport final n’a toujours pas été rendu public ni communiqué au HCB et aux personnes anciennement membres du HCB également auditionnées. Selon nos informations, ce rapport d’audit a bien été remis aux ministères mais ces derniers sont toujours en train d’analyser les conclusions à en tirer. À ce jour, personne ne connaît donc les éventuelles « perspectives d’évolution » du HCB.
Des perspectives d’évolution qui sont finalement simples : soit le HCB est maintenu dans sa forme actuelle, soit il est déstructuré mais avec comme obligation que ses missions soient toujours remplies. (...)
En 2018, un des ministères de tutelle du HCB, le ministère de l’Agriculture, décidait, selon le HCB, de ne pas remettre un de ses salariés à la disposition du CEES, en remplacement du précédent salarié qui avait démissionné en début d’année 2018. Le CEES, déjà amoindri en termes de membres, perdait alors un de ses deux salariés mis à disposition pour préparer des dossiers. Contrairement au CS qui ne rencontre pas de difficulté à voir renouvelés les postes des salariés mis à sa disposition.
Le nombre de salariés à disposition n’est pas la seule réduction que le HCB a connu. Depuis le début de son second mandat, le HCB était logé dans les mêmes locaux que le Ministre de la transition écologique et solidaire, boulevard Saint-Germain à Paris. Mais, après une réduction progressive du nombre de bureaux mis à disposition [7], c’est finalement un déménagement qui a eu lieu en 2019. Aujourd’hui, le HCB est logé dans des locaux décrits comme plus petits et surtout, sans espace de travail alors « prévu pour accueillir le président de l’instance et les présidents des deux comités » comme cela était rapporté début 2019 [8]. Une situation annoncée comme temporaire en attendant un autre déménagement bien que « sans plus de précisions sur le lieu et la date de ce nouveau déménagement » mais avec possibilité pour le CS de continuer à se réunir Bd Saint-Germain [9].
Un avenir en pointillé
Moins de salariés, moins d’espace, une présidence par intérim et un comité économique, éthique et social partiel et sans présidence, aucun appel à candidature encore publié, un rapport d’audit non communiqué... Le constat n’est pas au beau fixe pour cette construction d’une expertise nationale souvent décrite comme originale (...)
Outre le report de son travail sur le saumon, le HCB ne rend plus d’avis puisque son CEES n’est pas en mesure de produire des recommandations. Concernant les réponses à des demandes d’autorisation d’OGM en 2018, seuls les avis du comité scientifique, sans recommandation du CEES, sont affichés sur le site Internet du HCB. Et de fait, le HCB ne publie plus que des avis partiels ou des réponses du comité scientifique à des sollicitations directes reçues des experts européens. Autant dire que la mission du HCB de fournir au gouvernement un éclairage complet incluant une évaluation des risques et une analyse des aspects sociétaux sur les OGM n’est plus remplie. (...)
Au sein de l’Union européenne, le Haut Conseil des Biotechnologies est une originalité. Ce comité d’experts a été construit, sur la base notamment de la recommandation de la conférence de citoyens sur les OGM de 1998, de manière à ne pas fournir au gouvernement qu’un avis scientifique mais également une recommandation sur les questions sociétales que tel ou tel dossier OGM peut soulever. (...)