Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Slate.fr
Harvey Weinstein, Woody Allen, Roman Polanski... Comment juger l’œuvre des artistes visés par #MeToo ?
Le critique Anthony Oliver Scott évoque l’appréciation du travail des cinéastes dans l’après #MeToo.
Article mis en ligne le 23 janvier 2018

Isaac Chotiner : Pour vous qui écrivez sur les films, comment cela s’est-il passé dans le contexte du scandale Weinstein ?

Anthony Oliver Scott : Ça a été très compliqué, ne serait-ce que dans la façon d’en parler. Mon boulot consiste à voir des films, à me faire une opinion dessus et à la partager. Et cette année, j’ai eu l’impression que ce travail était complètement à côté de la plaque. D’abord du simple fait de l’agitation politique que vit le pays, qui détourne l’attention de tout le monde du cinéma, et ensuite parce que tout ce mouvement (#MeToo ou, comme j’aime à le considérer, l’effondrement moral de mon genre) a commencé avec Harvey Weinstein.

Le mouvement va plus loin qu’Hollywood maintenant, mais ça m’a donné envie d’écrire sur les produits d’une industrie largement dominée par les hommes et qui repose dans une large mesure –dans les coulisses comme à l’écran– sur l’exploitation des femmes, et plus précisément sur leur exploitation sexuelle.

Il y a beaucoup de choses que je prenais pour acquises ou auxquelles je ne pensais pas, comme par exemple la politique du genre dans les films américains ; j’ai vraiment dû revoir mon point de vue là-dessus. Et j’ai l’impression que beaucoup d’entre nous, femmes et hommes, critiques et cinéphiles, sommes au début de ce processus de remise en question. (...)

Je pense que dans de très nombreux secteurs (non seulement à Hollywood, mais aussi dans notre secteur des médias), on s’est rendu compte, ou plus exactement les hommes doivent se rendre compte, que le harcèlement sexuel, les agressions sexuelles, enfin le mauvais comportement des hommes, est fondamentalement une question de place dans le monde du travail.

Les femmes essaient de faire leur travail, d’évoluer professionnellement, d’atteindre leurs objectifs et elles sont découragées, bloquées, entravées ou tout simplement complètement démoralisées par la façon dont elles sont traitées par les hommes. (...)

« Prenez Weinstein et Miramax, puis la Weinstein Company [...]. Il n’y avait strictement personne qu’une femme aurait pu aller voir pour dire “Il faut faire quelque chose, c’est inacceptable”. » (...)