Tout récemment, le 3 septembre 2012, cinq gardes du Parc national de
Zakouma, au Tchad, qui avaient imprudemment posé leurs fusils pour
faire leur prière matinale, furent surpris par un groupe de braconniers
et tous massacrés ! Ils sont les dernières victimes, rapportées à ce
jour, de l’impitoyable guerre que mènent, depuis plus de trente ans,
des bandes puissamment armées pour s’approprier l’ivoire des derniers
éléphants d’Afrique.
(...) Ayant pratiquement exterminé les éléphants qui peuplaient les zones
non protégées, les braconniers s’attaquent à présent aux populations
réfugiées dans les réserves de faune et les parcs nationaux. Celui de
Zakouma, bénéficiant d’une aide européenne, en hébergeait encore
près de 4 000 en 2009, mais les comptages aériens entrepris par des
spécialistes au cours des deux dernières années n’ont permis d’en
retrouver que 614 vivants, tandis que de tous côtés, dispersés dans
la savane, gisaient des cadavres d’éléphants dépouillés de leurs
défenses !
Cette situation désastreuse se retrouve, hélas, pratiquement sur toute
l’étendue du continent africain, même si c’est à des degrés divers,
y compris dans des pays réputés pour la gestion exemplaire de leur
faune sauvage. Le résultat est que la population globale d’éléphants,
massacrée à un rythme voisin de 100 000 têtes par an, est tombée de
près de 2,5 millions en 1970 à plus ou moins 300 000 à l’heure
actuelle ! (...)
Les populations d’éléphants n’ont connu qu’un bref répit d’environ
sept ans, entre 1990 et 1997, essentiellement grâce à l’action de
quelques scientifiques et associations, telles qu’en France la Société
nationale de protection de la nature (SNPN), fondée en 1854, et qui
avait, déjà en 1933, obtenu des puissances coloniales qu’elles
interdisent la chasse commerciale pour l’ivoire, mais pas la chasse
dite « sportive », limitée suivant les pays à 2 ou 4 éléphants par an
et par chasseur.
La retentissante campagne internationale menée dans
les années 1980 par ces différentes organisations a abouti, en octobre
1989, à l’interdiction du commerce de l’ivoire par la Convention sur le
Commerce international des espèces menacées de faune et de flore
(sigle anglais CITES) (...)
Malheureusement, les partisans du commerce de l’ivoire, et notamment
l’Afrique du Sud, ont entrepris un tel « lobbying » qu’ils ont obtenu,
en 1997-2000, un retour en Annexe 2 de la CITES pour les populations
d’éléphants de quatre pays d’Afrique australe : Botswana, Namibie,
Zimbabwe et, bien sûr, Afrique du Sud ! Le commerce, soi-disant
contrôlé, mais en fait incontrôlable, a donc repris comme avant. (...)
Ce trafic, exclusivement et paradoxalement accordé par la CITES à
destination de la Chine et du Japon, les deux plus grands consommateurs
d’ivoire, coûterait encore la vie à près de 40 000 éléphants par
an, selon l’estimation basée sur les saisies opérées par les douanes
de différents pays et qui ne représenteraient que 10 % de l’ivoire
frauduleusement exporté !
URGENCE ABSOLUE : RECLASSER LES POPULATIONS D’ÉLÉPHANTS D’AFRIQUE EN
ANNEXE 1 DE LA CITES (...)
Voir : le Cites entend protéger des centaines d’espèces :
La réglementation régissant le commerce d’éléphants ou de leurs défenses a ainsi été révisée, modernisée et renforcée (notamment pour tenir compte du commerce en ligne).
Des actions ciblées ont été prévues au sein des 30 pays concernés par ce fléau. Dans les contrées où sont saisies de grandes quantités d’ivoire, les autorités sont invitées à pratiquer sous 90 jours des tests ADN sur les objets saisis, l’objectif étant de déterminer leur provenance pour mieux cerner les faiblesses des programmes de protection. (...)