
Il semble que l’ampleur du phénomène soit récente sur le Haut Maroni. Une enquête menée entre Maripa-Soula et Pidima, de 1980 et 2006, a recensé au moins 24 cas de suicides (hors tentatives) sur une population de moins de 1 000 habitants. Sur ces 24 suicides, 16 ont eu lieu entre 2000 et 2006.
(...) Sur tous les cas recensés par l’enquête, 48% concernent des jeunes de 16 à 25 ans, et 22% des enfants de 10 à 15 ans. Et contrairement à la France métropolitaine, on ne note aucun cas qui concerne des personnes âgées de plus de 55 ans. De même que les suicides chez les moins de 15 ans sont vraiment rarissimes dans l’Hexagone. (...)
les suicides sont aussi récurrents chez les populations bushinenges qui n’ont pas du tout la même culture, ni la même vision du monde. Ils vivent juste dans le même environnement physique et social.(...)
Les moyens de prévention sont-ils suffisants pour combattre ce fléau ?
Pendant des années, les populations n’ont pas été entendues. Daniel Toko-Toko, notre médiateur sur place, à Elaé a pourtant tiré plusieurs fois la sonnette d’alarme, comme d’autres. Mais son poste n’a pu être créé qu’au mois de mai dernier. On vient juste d’avoir les subventions alors que le sujet est une priorité pour les populations du fleuve. On manque toujours de financement, mais les choses se débloquent tout doucement. Les communes isolées manquent de personnel médical en général. Ce qui est dommage, c’est que les personnes qui se suicident montrent souvent des signes avant de passer à l’acte. D’où notre frustration, car on n’a pas de spécialistes sur place pour les prendre en charge.