
Requinqués par leurs premières victoires, les urgentistes annoncent poursuivre leur mouvement cet été, avant une manifestation nationale à la rentrée.
Les rangs des grévistes ne cessent de s’étoffer. Quatre mois et demi après le début de la grève des urgences à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, le collectif Inter-Urgences a décidé le week-end dernier de reconduire le mouvement pour l’été. "Pas loin de 220 services" sont désormais mobilisés, assure ce jeudi à L’Express Christophe Prudhomme, urgentiste et syndicaliste CGT. À tel point que la carte des services en grève, tenue par le collectif, peine à être mise à jour. (...)
Comment expliquer une telle longévité ? D’abord car les constats dressés par les soignants - notamment le manque d’effectifs et de lits - sont toujours valables. Mardi, un homme de 72 ans a ainsi passé cinq jours entiers sur un brancard du CHU de Saint-Étienne. Un "record", regrette auprès de BFMTV François Braun, médecin et président de l’association Samu-Urgences de France. (...)
Avec l’arrivée des congés estivaux, plusieurs services d’urgences - à Lens (Pas-de-Calais) ou à Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) - ont aussi été obligés de fermer leurs portes ou de réduire leur activité, faute d’un nombre suffisant de médecins. (...)
Les annonces ministérielles ? Une "aumône" (...)
ce coup de pouce ne représente qu’"une personne de plus pendant 60 jours" par service d’accueil des urgences - il y en a plus de 500 dans le secteur public -, relèvent les grévistes. Sans compter que "la majorité des services n’a pas vu la couleur des enveloppes fléchées pour pallier les difficultés estivales", estime dans un communiqué le collectif Inter-Urgences, qui réclame toujours la création de 10 000 emplois supplémentaires dans les services d’urgences, une augmentation de salaire de 300 euros pour les personnels et "zéro hospitalisation brancard". (...)
"Puisque le budget global des hôpitaux n’est pas augmenté, les recrutements aux urgences se feront au détriment d’autres activités, comme la médecine ou la chirurgie. Nous refusons catégoriquement cette politique d’opposition entre services", avance aussi l’association pour justifier la poursuite de la grève. (...)
"les non-grévistes défaitistes qui pensaient que ça ne servait à rien de se mobiliser ont vu que le mouvement avait permis d’obtenir une prime". (...)
Prochains grands rendez-vous : l’assemblée générale du collectif Inter-Urgences, le 10 septembre, suivie le lendemain d’une manifestation à Paris à l’initiative de la CGT, accompagnée d’actions de blocages dans plusieurs hôpitaux de province.
D’ici là, les grévistes continueront "d’informer sur les marchés et les ronds-points", promet l’urgentiste, alors qu’une pétition en ligne lancée fin juin par des soignants totalise désormais plus de 134 000 signatures. Et tenteront de canaliser leur "colère noire". Tout en condamnant l’idée, Christophe Prudhomme confie ainsi : "Certains ne seraient pas contre aller se faire la permanence du député LREM du coin..."