
Le tiers-lieu écolo Maison Glaz a organisé un « off » breton de la COP26 à Gâvres (Morbihan). Une manifestation de la vitalité du mouvement climat loin des métropoles, où les tiers-lieux veulent jouer un rôle dans les dynamiques de transition.
(...) Depuis trois jours, conférences et ateliers pratiques se succèdent dans cette commune de 650 habitants dans le cadre de l’événement "Glaz Go !", pensé comme le « off » breton de la COP26. « Si tu ne vas pas à Glasgow, c’est Glasgow qui vient à toi ! » annonce l’affiche de l’événement. (...)
dans le cas d’une élévation d’un mètre du niveau de la mer, prévue à la fin du siècle par le scénario pessimiste du Giec, Gâvres redeviendrait… une île.
La presqu’île est ainsi un « territoire témoin », souligne Akira Lavault, où l’effet du changement climatique est directement perceptible, « un peu comme la montagne sans neige ». Maison Glaz, lieu pensé comme « un camp de base au service de l’action climatique », ne s’est pas installé là par hasard. Depuis 2018, avec le soutien de la mairie, cet ancien centre de vacances militaire accueille un espace de travail partagé, une buvette, quelques cabanes dédiées au tourisme durable et une entreprise d’insertion. Avec neuf emplois, dont trois en insertion, le tiers-lieu écolo est devenu le plus gros employeur de la commune. (...)
Vendredi après-midi, la causerie du Glaz Go dédiée aux « mobilisations citoyennes » a surtout attiré un public militant, souvent multi-engagé. (...)
« Dans la société, j’ai l’impression que ça ne prend pas, se désole David Yven, investi dans un petit tiers-lieu, le Labouriou, dans la ria d’Étel. Je ne veux pas faire mon rabat-joie… Mais l’essoufflement vient aussi du fait qu’on n’arrive pas à sortir de l’expérimentation. » Pour Arnaud Bonnet, coordinateur du réseau des tiers-lieux bretons, il faut « varier les médiums » et miser sur la formation pour donner des clefs à tous ceux qui souhaitent s’engager. « La formation, c’est juste l’égalité, en fait. » (...)
Recycleries, ateliers low-tech, épiceries solidaires… Selon Arnaud Bonnet, coordinateur du réseau des tiers-lieux bretons, on dénombre aujourd’hui 2 500 tiers-lieux en France et les projets continuent de se multiplier : « Ça commence à devenir un phénomène de société. » Si tous ces lieux d’expérimentation collective ne mettent pas la transition écologique au cœur de leur projet, ils sont souvent des « lieux d’effervescence citoyenne », salutaires dans un contexte de « crise des espaces d’engagement ».
Un tiers-lieu comme Maison Glaz participe aussi, selon Akira Lavault, à la « transition géographique » de nombreux jeunes actifs qui cherchent aujourd’hui à quitter les métropoles. (...)
« On a pas une action politique au sens de partisane, insiste Akira Lavault, mais on a une action politique au sens où on crée du commun. » Espace de rencontres, festif, ouvert, le tiers lieu permet aussi de « produire un nouveau récit » et « de travailler sur la désirabilité » de la transition écologique. Car, pour la fondatrice de Maison Glaz, « ce n’est pas en promettant du sang et des larmes qu’on va convaincre les gens ».