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le Point
Génocide rwandais : les enquêtes françaises, longues et sous tension
Article mis en ligne le 2 avril 2019

Trois condamnations, quatre non-lieux et une vingtaine de procédures en cours : les enquêtes françaises sur le génocide rwandais ont été longues et souvent tardives, progressant au gré des embellies dans les difficiles relations entre Kigali et Paris.

Le premier procès a eu lieu en France vingt ans après le génocide des Tutsi. Le 14 mars 2014, l’ex-officier de la garde présidentielle Pascal Simbikangwa est condamné à 25 ans de prison. Une peine confirmée en appel en 2016.

L’ancien capitaine, reconverti dans la police politique, a été jugé coupable d’avoir organisé des barrages routiers où étaient filtrés et exécutés des Tutsi à Kigali, et d’avoir livré armes et instructions aux miliciens extrémistes hutu qui les tenaient.

Le 6 juillet 2016, Octavien Ngenzi et Tito Barahira, deux anciens bourgmestres du village de Kabarondo, dans l’est du Rwanda, ont été condamnés à la perpétuité pour crime contre l’humanité et génocide. Une peine là aussi confirmée en appel, en 2018.

Deux affaires et deux aspects des massacres : tandis que le procès Simbikangwa interrogeait les cercles du pouvoirs, au plus près de matrice génocidaire, celui des bourgmestres a donné à voir un crime de proximité, un génocide entre voisins, sur les collines où les habitants participaient autrefois ensemble aux travaux communautaires.

Ces verdicts ont été accueillis avec soulagement par Kigali comme par les parties civiles, qui y ont vu un premier message de la France "contre l’impunité". (...)

Les enquêtes toujours en cours

Une vingtaine de procédures judiciaires, visant des personnes soupçonnées d’avoir organisé ou d’avoir été complices du génocide, sont actuellement entre les mains du pôle crimes contre l’humanité du tribunal de grande instance de Paris, autorisé à poursuivre des personnes soupçonnées de ces crimes si elles sont sur le territoire français, en vertu d’une compétence universelle.(...)

Seuls deux hommes, visés par des enquêtes, sont en détention provisoire. Une personne morale fait aussi l’objet d’investigations pour complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité : la banque BNP Paribas, accusée par plusieurs ONG d’avoir financé en 1994 un achat d’armes au profit de la milice hutu.

Dossier toujours brûlant, l’enquête sur de possibles responsabilités de l’armée française, accusée par des survivants d’avoir abandonné des centaines de Tutsi qui ont été massacrés sur les collines de Bisesero, fin juin 1994. Les juges ont clos leurs investigations sans prononcer de mise en examen, ouvrant la voie à un non-lieu.