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Frontex accusé de cautionner les maltraitances sur des migrants
Article mis en ligne le 7 août 2019

Une enquête menée par des médias européens pointe l’implication de Frontex, l’agence chargée des frontières extérieures de l’Union européenne, dans des actes de maltraitance commis sur des migrants par des garde-frontières en Bulgarie, en Hongrie et en Grèce. Frontex s’est défendu en expliquant qu’il "n’a pas autorité sur le comportement des polices [...] locales".

Ce sont des révélations embarrassante pour Frontex, l’agence chargée des frontières extérieures de l’Union européenne (UE). Celle-ci est accusée, dans une enquête du site d’investigation Correctiv, le quotidien britannique The Guardian et la chaîne allemande ARD, d’avoir laissé des garde-frontières bulgares, hongrois et grecs maltraiter des migrants en les traquant avec des chiens, en utilisant des sprays au poivre et en les refoulant violemment.

Dans une émission d’ARD, Stephan Kessler, responsable du Forum consultatif de Frontex, une instance de régulation interne, s’est indigné de cette situation. Il a notamment affirmé qu’en ne retirant pas “son propre personnel de ces pays", Frontex “se montre complice”.

Ce n’est pas le seul chef d’accusation mis en avant par ces médias. Les journalistes qui ont mené l’enquête soutiennent que Frontex serait responsable d’expulsions de mineurs non accompagnés et de demandeurs d’asile placés sous sédatifs.

Comme preuve, ces médias disent s’appuyer sur “des centaines de documents internes de Frontex”, dont le rôle et les ressources ont été renforcés à partir de 2016, un an après le début de l’afflux migratoire de l’été 2015. (...)

L’organisme, qui dit n’avoir reçu aucune plainte contre ses officiers, a aussi affirmé qu’il souhaitait “examiner la question” et prendre “les mesures qui s’imposent” concernant ces accusations. (...)

Selon une responsable, les agents de Frontex, qui sont environ 2 000 au total, travaillent “en équipe” sur le terrain avec des garde-frontières locaux. Ils sont autorisés à interroger des migrants, à les “arrêter et les ramener dans des centres” mais ils sont aussi tenus de signaler les violations des droits des migrants. Or, dans les premiers extraits du reportage publiés sur son site internet, ARD affirme que ces sévices auraient été “classés sans suite” par l’agence.

Vers une réforme en profondeur

L’une de des porte-paroles de la Commission européenne, Mina Andreeva, a assuré que cette institution, qui “prend très au sérieux” cette affaire, allait “suivre” le travail de Frontex pour “voir si les faits rapportés sont exacts” et en tirer les conséquences “appropriées”. “Toute forme de violence et de mauvais traitement contre les migrants et réfugiés est inacceptable”, a ajouté la porte-parole. (...)

En avril, le parlement européen a donné son accord pour apporter un renfort de 10 000 garde-frontières et garde-côtes d’ici 2027. À terme, Frontex pourrait même appuyer "les procédures de retour dans les États membres, par exemple en identifiant les ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier".

"Protex"

Mais, pour Pierre Henry, ces évolutions ne suffisent pas. En plus d’un “corps de surveillance”, il demande “une force” supplémentaire “pour protéger les demandeurs d’asile" : “Il sera important de s’assurer que Frontex garantira le respect des droits fondamentaux. Voilà pourquoi j’ai suggéré qu’à côté de Frontex soit constitué un corps spécialisé dans la protection des personnes : Protex".

L’ONG Médecins sans frontières, s’inquiète, quant à elle, d’un manque de clarté. "Cela fait des années que l’on demande le rôle de Frontex dans le détail, sur le terrain. Où commence leur mission ? Où s’arrête-t-elle ? On ne l’a jamais obtenu", regrette Corinne Torre, responsable nationale à Médecins Sans Frontières.