
Le 14 janvier 2019, suite à l’alerte d’un collectif de scientifiques, l’Anses publiait un avis relatif à l’évaluation du signal concernant la toxicité des fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHI). A partir de l’examen de l’ensemble des données scientifiques actuellement disponibles, réalisé par un groupe d’experts indépendants, l’Anses concluait à l’absence d’alerte sanitaire pouvant conduire au retrait des autorisations de mise sur le marché de ces fongicides. Elle lançait cependant un appel à la vigilance au niveau européen et international, et soulignait la nécessité de renforcer la recherche sur de potentiels effets toxicologiques chez l’Homme.
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Ils altéreraient la respiration des cellules de champignons, d’abeilles mais aussi des êtres humains. Des ONG et des scientifiques demandent ce mardi le retrait de plusieurs pesticides controversés à base de SDHI, largement utilisés en agriculture.
Les SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase) sont utilisés pour détruire les moisissures qui se développent sur les céréales ou les fruits, en bloquant une étape clé de la respiration des champignons. Ils sont aussi utilisés sur les pelouses de terrains de sport ou de golf. Mais des scientifiques ont alerté sur leur possible dangerosité et une étude publiée en novembre dans la revue américaine Plos-One a mis en évidence que le processus respiratoire de cellules humaines, d’ abeilles et de vers de terre était également affecté en laboratoire par ces SDHI.
Une « menace » pour le vivant
Les ONG Nous voulons des coquelicots, Générations futures et France nature environnement ont annoncé mardi l’envoi d’une lettre pour demander à l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) de retirer l’autorisation de trois produits à base de SDHI (sur environ 150 autorisés en France, les ONG ont indiqué cibler des produits de « dernière génération »). Soutenues par des parlementaires comme Delphine Batho (Génération écologie), Loïc Prud’homme (LFI) ou Joël Labbé (EELV), elles dénoncent les SDHI comme une « grave menace pour tout ce qui est vivant », selon Fabrice Nicolino, des Coquelicots, en appelant au « principe de précaution ».
En cas de réponse négative ou de non-réponse dans les deux mois de l’Anses, elles saisiront le tribunal administratif pour obtenir le retrait de leurs autorisations de mise sur le marché, à l’instar d’une récente décision concernant deux pesticides accusés de présenter un risque pour les abeilles.
Plusieurs études en cours à l’Anses
Dans le même temps, quelque 450 scientifiques ont appelé dans une tribune publiée par Le Monde à « mettre en œuvre au plus vite l’arrêt de l’usage des SDHI en milieu ouvert », estimant que les dernières études « laissent prévoir le risque additionnel chez l’homme d’une catastrophe sanitaire liée à leur usage ». (...)
– SDHI, une bombe à retardement lâchée en pleine nature
– PÉTITION À LA COMMISSION EUROPÉENNE,
AUX DÉPUTÉS EUROPÉENS,
ET AUX ÉTATS MEMBRES DE L’UNION EUROPÉENNE (Pollinis)
Pour un retrait immédiat des fongicides SDHI, tueurs d’abeilles et cancérigènes potentiels !
ATTENDU QUE plusieurs études scientifiques indépendantes montrent les effets délétères des pesticides de la classe « SDHI » sur les abeilles, les organismes aquatiques et les vers de terre indispensables à l’agriculture, et mettent en lumière leurs effets potentiellement alarmants sur la santé humaine (cancers, tumeurs, affections cérébrales, maladies neurodégénératives...) ;
ATTENDU QUE ces substances sont parmi les plus utilisées en agriculture en France et dans certains pays européens, couvrant près de 70 % des surfaces traitées de blé tendre et 80 % de l’orge d’hiver, et qu’elles font partie des molécules les plus communément retrouvés dans nos aliments ;
Nous, citoyens de France et d’Europe, soucieux de la protection des abeilles, de l’environnement, de notre santé et celle de nos enfants, demandons le retrait immédiat de toutes les substances fongicides de la classe SDHI tant que des tests additionnels tenant compte de leurs mécanismes de toxicité propres n’auront pas été menés, ainsi que la réforme du processus d’homologation des pesticides en y intégrant ces nouveaux tests, pour que de nouvelles substances ultra-toxiques comme les SDHI ne puissent plus jamais se retrouver en quantités industrielles dans notre environnement.